mardi 2 décembre 2014

Divorcés-Remariés (RCF: "Le Billet")

L'impossibilité pour les fidèles divorcés de se remarier et d'accéder à la communion entraîne de sérieux problèmes entre l'Eglise catholique et des milliers de fidèles concernés.

Pour que l'Eglise reconnaisse la dissolution du mariage, il faut en passer par le tribunal ecclésiastique ; et cette reconnaissance n'est possible que dans le cas où l'Eglise, sur la base d'une enquête, proclame que non seulement ce mariage est annulé, mais qu'il était initialement  illégal ou invalide. Il me semble qu'une très faible proportion de catholiques est prête à se soumettre à cette procédure.

La doctrine du mariage est commune entre les deux Eglises, car elle vient de l'enseignement du Christ. Nous, les orthodoxes, avons une autre idée du mariage. L'idéal demeure, mais il existe bien des situations différentes dans la pratique. S'il y a un divorce, nous établissons toujours une différence entre le coupable et l'innocent.

L'absolu est qu'un homme ait le droit d'une femme, et que la femme ait celui d'un homme. Mais sur le parcours de notre vie terrestre et conjugale, il y a des erreurs qui perturbent la vie du couple.

L'Eglise orthodoxe autorise un deuxième et troisième mariage ; mais, attention, le premier est un sacrement, les autres des bénédictions. Le rôle de l'Eglise mère n'est pas de condamner quelqu'un, mais de le serrer dans ses bras, de lui pardonner et de le laisser vivre spirituellement. Le dernier mot revient à Dieu notre Sauveur Jésus-Christ!


 Père Théodore

vendredi 24 octobre 2014

Il faut parler vrai, avec « parrhesia »! ("Le Billet", RCF)

Le pape François, ouvrant le synode, n’a pas utilisé au hasard le mot « parrhesia », notion grecque qui se traduit par « liberté de parler » ; c'est-à-dire le « franc-parler » très évangélique. Ce terme revient à plusieurs reprises dans le Nouveau Testament, et surtout chez saint Jean. C’est le droit qu’à chacun de tout dire, un droit reconnu au citoyen dans une démocratie, « une forme d’étique de la liberté », comme disait Socrate.

Dans les Évangélistes, « parrheria » signifie, en outre, la capacité à prendre la parole publiquement, comme un acte de courage ou de foi.

Au cours du synode, les évêques ne risquent rien à « parler vrai » en public et à s’expliquer ; au contraire, les responsables deviennent inaudibles à force de cacher toute critique ou austérité dans leur discours. Il peut arriver en effet que l’Eglise s’habitue à un langage feutré et à un mode de communication souvent inodore.

Par peur de mettre à jour les divergences internes, de nuire à une volonté de « communion » comprise comme uniformité, les Eglises sont passées maître dans la langue de bois ou « langue de buis », et sont devenues incompréhensibles pour qui n’a pas les clés pour les décrypter.

C'est là l’une des grandes critiques que l’on puisse faire à la communication ecclésiale, de même qu’à celle de nombreuses institutions politiques, sociales ou syndicales.

Le pape François, me semble-t-il, fait bien de « replonger » les Eglises d’aujourd’hui dans ce parler vrai qui appelle à un renouveau jaillissant des racines profondes de notre foi en Christ.

En parrhesia,

Père Théodore

mercredi 17 septembre 2014

Match pour la paix du pape François ("Le Billet": RCF)

Le 1er septembre, à Rome, a eu lieu un « match interreligieux pour la paix », inspiré par le pape François. Peu importe le score au final, l’enjeu était moins dans la partie que dans le message qu’elle voulait illustrer.

« Personne ne doit jouer sa propre partie », déclare le pape, « les jeunes en particulier vous regardent en admiration [...] il est important de donner le bon exemple, [...] la loyauté, le partage, l’accueil, le dialogue, la confiance en l’autre ». A l’inverse de toute « discrimination  de race, de langue et de religion ».

Le trophée du match était aussi en forme d’olivier.

L’événement grand public visait à mettre en valeur le dépassement des différences entre religions pour une œuvre collective, et il s’inscrit dans un souci du pape de faire travailler les diverses confessions concrètement ensemble. Cette volonté de démontrer la capacité des religions à vivre ensemble s’était déjà manifestée lors du pèlerinage papal en Terre Sainte, et fut reprise ensuite avec éclat lors de l’invocation pour la paix réunissant Juifs, Musulmans et Chrétiens, dans les jardins du Vatican, le 8 juin dernier, avec, sans oublier, la présence de notre Patriarche Œcuménique.

Il faut faire descendre le dialogue dans la rue. Il faut des occasions de populariser un discours interreligieux qui a besoin d’être plus connu et surtout des pratiques dans le monde actuel, afin de démarquer les religions de la violence. Le défi est que le dialogue interreligieux ne reste pas restreint à quelques élites.

Que la paix soit dans le monde!


Père Théodore

mardi 10 juin 2014

Déclaration commune ("Le Billet": RCF)

Lundi 26 mars, à la Mairie de Bordeaux, M. Alain Juppé, Maire de Bordeaux, et les Représentants des Cultes à Bordeaux, ont fait une Déclaration commune sur la tuerie de Toulouse. Ce travail interreligieux qui se fait depuis trois ans, sous l'égide de M. le Maire « Bordeaux Partages », a énormément contribué à l'ouverture du dialogue par des conférences publiques bien organisées, visant à la paix, au respect et à l'amour de l'autrui.

Bien entendu, nous sommes tous attristés et même préoccupés par les évènements  tragiques de Toulouse. Cette violence aveugle, qui a touché les innocents et surtout les enfants, ne peut susciter que les plus vives indignations et les émotions les plus profondes. Nous condamnons, collectivement, avec la plus grande fermeté, cet acte barbare, lançant un appel à l'unité, au vivre ensemble et à la solidarité des familles des victimes et de la communauté juive de Bordeaux éprouvée par ce drame.

 Désireux de poursuivre et de conforter le dialogue interreligieux, convaincus de la nécessité de mobiliser dans ce sens toutes les catégories sociales, et notamment les jeunes, nous avons décidé de consacrer la prochaine conférence interreligieuse et citoyenne à la thématique de la jeunesse, prévue au mois de novembre 2012.

 Il faut tout faire afin que les actes antisémites et racistes amènent une réponse commune et ferme de toute la République. Le monde entier a condamné la tuerie de Toulouse, un crime odieux qui exprime le dégoût pour l'horreur, une violence aveugle sans justification qui doit être condamnée sans réserve par le monde civilisé.


Père Théodore

jeudi 15 mai 2014

L'esprit de Jérusalem, l'orthodoxie et le catholicisme au XXIe siècle (RCF: "Le Billet")

Monseigneur Emmanuel, notre archevêque et président de tous les évêques orthodoxes de France, est co-auteur, avec le cardinal Kurt Koch, du livre intitulé L'esprit de Jérusalem. L'Orthodoxie et le Catholicisme  au XXIe siècle. Il s'agit d'un ouvrage publié depuis le 5 mai dernier, qui donne un excellent aperçu des progrès réalisés dans l'œcuménisme.

 Il rappelle qu'en janvier 1964, à Jérusalem, le pape Paul VI et le patriarche Athënagoras se sont rencontrés pour échanger un baiser de paix et enlever les anathèmes du passé, qui pesaient alors lourdement sur les frères chrétiens. En mai 2014, le pape François   et le patriarche Bartholomée commémoreront cette rencontre historique dans la Ville sainte.

Presque un millénaire après le douloureux schisme, que faut-il penser des cinquante années du dialogue renoué ? Quels en sont le chemin et le parcours? Quels sont encore les obstacles et les avancés de l’œcuménisme ?

 Le pape et le patriarche actuels, chargés au plus haut niveau de ce dialogue œcuménique, vont répondre à ces questions et dresser ensemble le bilan de la réconciliation et envisager les perspectives de l'unité.

En esprit fraternel et responsable, l’ouvrage cité fait la part de l'histoire, des évènements, des hommes responsables, pour mieux en appeler à la communion totale.

L'Eglise chrétienne, occidentale et orientale, a deux poumons : l'Occident définit l'esprit biblique, philosophique et pyramidal ; l'Orient, l'esprit liturgique de la prière et de la sagesse.

 Ainsi on peut dire fort que « le Christ est ressuscité pour notre salut »!


Père Théodore

jeudi 10 avril 2014

Mort et Résurrection (RCF - "Le Billet")

Mort et Résurrection, deux événements qui sont tout à fait indissociables, sont au cœur de la foi chrétienne, le point final de notre vie, un passage menant à la Résurrection, qui est le sens même du mot « Pâques ». Il s’agit d’une ouverture nouvelle sur une réalité nouvelle, mais aussi une métamorphose profonde de l’humanité tout entière, dans un  lieu rétabli avec le Divin.

 Le Christ n’est pas venu abolir la mort, mais vaincre les effets de la mort, en accordant une destinée nouvelle à l’humanité, une toute nouvelle vocation, aussi paradoxale que la Résurrection elle-même, une filiation divine.

 L’iconographie orthodoxe est tout à fait consciente de cette double tendance verticale, ascendante et descendante. En effet, les représentations de la Résurrection du Christ  montre un Christ remontant des enfers et tirant avec lui Adam et Eve.

 Certes, les peines et les souffrances liées à la mort sont réelles. L’absence de nos proches sécrète une tristesse qu’il convient de reconnaître et d’accepter. Car, ainsi que le déclare le Christ lui-même : « Moi, je prierai le Père : il vous donnera un autre Paraclet […] C'est lui l’Esprit de vérité » (Jn 14, 10-17).

   Le Christ est ressuscité ! En vérité est ressuscité !


Père Théodore

lundi 10 mars 2014

Rassemblement oecuménique pour Pâques 2014


Concert de la chorale orthodoxe RADOUGA


Carême Orthodoxe 2014 (RCF - "Le Billet")

La signification du Grand Carême orthodoxe ne peut être comprise qu'au regard de sa destination, la fête pascale, et non plus comme une fin en soi. L'Eglise met en garde contre le risque d'une rigueur excessive dans le rituel. Saint Jean Chrysostome, dans son homélie de Pâques, énonce :

« Que vous ayez jeûné ou non, réjouissez-vous aujourd'hui. La table est préparée, goûtez-en tous [...]. Que nul ne s'en retourne à jeun […]. Que nul  ne se lamente sur ses fautes, car le pardon a jailli du tombeau. Que nul ne craigne la mort, car celle du Sauveur  nous en a délivrée […] ».

Le jeûne  est un effort  pour se  libérer  des désirs  qui  asservissent  l'esprit  à des biens non essentiels. Il doit s'accompagner de méditations bibliques, d'efforts spirituels, d'assistance aux offices, sans quoi il perd tout intérêt spirituel et omet ce qui en constitue le sens.
Une prière de Saint Ephrem le Syrien est spécialement récitée pendant cette période :

« Seigneur et Maître de ma vie,
Ne m'abandonne pas à l'esprit de paresse,
De découragement, de domination et de vaines paroles !

Mais fais-moi la grâce, à moi ton serviteur,
Dans l'esprit d'intégrité, d'humilité,
La patience et d'amour !

Oui, Seigneur-Roi,
Accorde-moi de voir mes fautes
Et de ne pas condamner mon frère,
Car Tu es béni dans les siècles des siècles !

                           Amen ».


Père Théodore

mercredi 5 février 2014

Le patriarche oecuménique appelle les orthodoxes à l'unité des églises (RCF - "Le Billet")

Notre Patriarche a invité les croyants à continuer à prier Dieu, avec componction, humilité et confiance, vers le but fixé par Ce Dernier, à savoir l'Unité de toute la chrétienté.

Il est certain que le Christ ne peut pas être divisé, et le service pétrinien, sans y inclure cette ouverture au dialogue, ne pourrait être le chemin œcuménique qui permettrait d'approfondir la compréhension de s'unir, de devenir Un comme la Sainte Trinité.

Nous avons sûrement été blessés par les divisions, et il ne faut pas considérer l'absence d'unité comme un phénomène naturel inévitable. L'Esprit Saint, Seul, peut mener à la diversité réconciliée avec tous les croyants de bonne volonté. Avec nos prières, l'Esprit Saint fera revenir l'unité par le chemin de notre travail collégial.

Dieu de vie, conduis-nous vers la justice et la paix. L'apôtre Paul s'adresse à nous dans notre diversité et nous invite à reconnaître qu'en tant qu'Eglise, dans les lieux particuliers où nous sommes implantés, ne nous devons ni nous isoler, ni agir à l'encontre les uns des autres, mais plutôt reconnaître nos liens étroits avec tous ceux qui invoquent le nom du Seigneur.

Puisse l'amour du Seigneur nous attirer vers Lui, puisse la puissance de Jésus nous affermir à son service, puisse la joie du Christ remplir notre esprit, et que la bénédiction du Dieu tout-puissant soit avec nous pour toujours!


Père Théodore

jeudi 16 janvier 2014

Soirée oecuménique à la maison paroissiale des Ardillos à Mérignac (23 janvier 2014, à 18h)

Le groupe de Mérignac a opté pour une soirée oecuménique, le 23 janvier 2014, à compter de 18h00 aux Ardillos.
Les intervenants seront Geoffroi Gardair (Eglise catholique), Marc Labarthe (EPUF) et Jean-Claude Gurnade (Eglise orhodoxe).
Il est prévu une intervention de 10 minutes pour chacun des intervenants.
Ils vont nous donner leurs réponses personnelles aux deux questions posées :
 
- Qu’est-ce que l’expression de « communion des saints » signifie pour vous ou votre tradition ecclésiale ?
 
- En quoi l’appel qui nous est adressé à être une « nation sainte » nous contraint-il à dépasser notre enracinement chrétien local
 
A l'issue de ces interventions, nous poursuivrons notre réflexion en petits groupes, 6-10 personnes pendant 40-45 minutes, et nous terminerons par les deux prières en PJ.
 
A la fin des échanges, nous pensons tirer les rois pour permettre de poursuivre cette soirée dans l’amitié.
 
Pour plus d'informations, prendre contact avec:
Maurice Capdevielle-Darré
capdevielle.darre@orange.fr
05 56 97 86 80

jeudi 2 janvier 2014

Le développement des Eglises orthodoxes en France (RCF - "Le Billet")

L'Eglise orthodoxe n'est plus aujourd'hui en France un ensemble sans unité de communautés  exotiques. Elle s'est insérée dans la vie religieuse et culturelle de ce pays.

Selon le père Samuel, la France compterait aujourd'hui de 400.000 à 500.000 baptisés orthodoxes, environ 240 paroisses, une vingtaine de monastères, 300 prêtres et diacres; le nombre des paroisses tend actuellement à s'accroître doucement.

Cela fait plus de deux siècles que l'Orthodoxie est présente sur l’Hexagone. En 1816, un lieu de culte, de tradition russe, est ouvert à Paris ; en 1821, une chapelle orthodoxe pour la communauté grecque à Marseille ; en 1834, une première église orthodoxe est construite. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle ont lieu plusieurs constructions d'églises russe: à Paris, à Biarritz, à Cannes, à Menton, puis à Nice, au début du XXe siècle. Mais ce sont les vagues migratoires qui amènent l’enracinement durable et la diffusion de l'Orthodoxie en France: l'immigration russe, bien sûr, qui est la plus importante, l'immigration grecque, mais aussi roumaine et balkanique. D'autre part, des Français deviennent orthodoxes.

Après 1990 et la chute des régimes communistes en Europe de l’Est, la situation évolue très vite. Les besoins pastoraux deviennent immenses, et cette situation suscite de nouveaux défis:
L’encadrement pastoral, la formation de nouvelles paroisses, l'adaptation des paroisses existantes à une nouvelle donnée sociologique très diversifiée, les relations interparoissiales.

La création de l'Assemblée des évêques orthodoxes de France, en 1997, permet une concertation très régulière entre évêques pour répondre à d'autres confessions religieuses, aux autorités civiles, ainsi qu’à tous les organismes qui souhaitent établir un contact avec l'Orthodoxie.


Père Théodore