Chenouda III (Nazir Gayed Roufaïl de son vrai nom), chef spirituel de l’Eglise orthodoxe copte, est mort le 17 mars dernier, à l’âge de 88 ans. Il fut le 117e primat sur le trône papal d'Alexandrie, laissant derrière lui des fidèles inquiets face à la montée de l'islamisme en Egypte.
Après de brillantes études au Caire, il est ordonné prêtre en 1955 et consacré évêque en 1962. En novembre 1971, il est élu et intronisé pape d'Alexandrie et patriarche du siège de Saint Marc. Auteur des nombreux ouvrages de morale, de patristique et d'ecclésiologie, il est marqué par une rénovation profonde de l'administration de l'Eglise et une expansion sans précédent vers des communautés coptes hors d'Egypte. Exilé par Sadate d'Egypte, il ne revient au pays qu’à la suite de l'assassinat du Président.
En 1991, il est élu membre de la présidence du Conseil Œcuménique des Eglises, dont le siège est à Genève, et, en octobre 2000, il est désigné lauréat du prix UNESCO, pour la promotion de la tolérance et de la non-violence. Il est connu aussi pour son désaccord sur la doctrine du « subsistit in », issu du Concile Vatican II.
Le monde chrétien fait ses adieux à un grand pasteur de renommée internationale et à une grande figure chrétienne du XXe siècle. Proche de son peuple, connu pour ses talents liturgiques et pastoraux, c’est un prédicateur averti qui quitte son Eglise à un moment crucial, sachant que l'Egypte passe des moments difficiles quant au devenir de cette nation. Il disait que « l'Egypte n'est pas une nation dans laquelle nous vivons, mais une nation qui vit en nous ».
Le pouvoir militaire et les frères musulmans soulignent son patriotisme et ont participé à ses obsèques. De leur côté, le patriarche œcuménique Bartholomé et le pape Benoît XVI s'unissent spirituellement à la prière pour que « le Seigneur accueille ce grand pasteur »! Il est rare de voir les orthodoxes, les catholiques et les musulmans s'associer, dans un même hommage, pour un chef religieux.
Père Théodore