samedi 12 novembre 2022

Discours du Père Théodore à l'ACAT

                             

        

                          APPEL A LA VIGILANCE


Depuis quelques années, nous assistons à une montée des courants provoqués par la peur, imprégnés de ressentiments et de colère à l’encontre des symboles mêmes de la démocratie et marqués par leur défiance envers les autorités qu’elles soient politiques, scientifiques, judiciaires ou éducatives. Imperméables à tout débat, ces courants refusent d’interroger leurs certitudes. Ils se nourrissent, sans esprit critique, des mensonges et des fausses nouvelles, et participent des pensées complotistes. Alimentés par l’hyper-vandalisme, ils contribuent aux dérives faites de violence, d’insultes et des haines. Ils constituent une grave menace contre l’état de droit.

Pour l’Eglise, l’individualisme, par lequel s’exerce une pensée personnelle émancipatrice, est aujourd’hui dévoyé. Centré sur lui-même, libre de tout, empreint d’un relativisme à l’égard de la vérité, porté par l’idéologie de la toute-puissance, il fait naître à bas bruit un néo-populisme qui menace durement le vivre-ensemble, la solidarité, la fraternité.

Le néo-populisme conduit à des pratiques attentatoires aux droits humains : harcèlements, traitements cruels, inhumains et dégradants, voire tortures. La dernière édition de son rapport, Un monde tortionnaire, en apporte de nouvelles illustrations. Dans son combat pour la dignité, l’ACAT-France dénonce toute entreprise de déshumanisation. Par son action, elle refuse toute tentative d’occultation de la vérité et alerte sur la menace pour le vivre-ensemble et la démocratie.

L’église appelle à la vigilance nécessaire au nom de notre foi et qui touche aussi la vie interne des Églises.

Etant orthodoxe, je vous confirme que nous avons tous envie de bien vivre l’œcuménisme au sein de l’ACAT. Nous avons une diversité, mais elle n’est pas séparatrice. Elle est positivement assurée et tolère, de façon stimulante, notre communion profonde, telle que nous la vivons au sein de l’ACAT et ailleurs, quand nous prenons conscience que nous faisons tous parti de la même grande famille chrétienne, avec chacun ses accents particuliers.

Visitons-nous les uns les autres. Les Chrétiens se réunissent pour célébrer Jésus mort et ressuscité. Et quand les Chrétiens sont rassemblés, ils sont invités à servir Dieu ensemble, à se reconnaître unis par la même foi, le même Esprit. « Là où deux ou trois sont réunis à mon nom, Je suis au milieu d’eux » (Mat. 18, 19-20). « Dans le Christ, nous formons un seul corps » (Rom. 12,5). Leur unité est en Jésus Christ. En Lui, elle est donnée. Elle les procède donc. Ils sont appelés à la manifester.

« Nul ne sera soumis ni à la torture ni à des peins ou traitements cruels, inhumains et dégradants », comme le dit l’article 5 de la déclaration universelle des droits de l’homme. Nous avons un Père, nous sommes frères, nous devons vivre dans la paix, dans l’amour, dans le respect, dans le partage de tout. Nous prions pour la paix du monde entier, pour la fraternité, pour l’union de tous, pour être préservés de toute tribulation, colère, péril et nécessité.

Prions pour que la peine de mort soit abolie, qui porte atteinte à l’inviolabilité et la dignité de la personne, de tous les pays du monde. « On ne construit pas la paix sur des fausses communes », proclame inlassablement le gynécologue congolais et prix Nobel de la paix 2018, Denis Mukwege.

L’ACAT est une association œcuménique en référence à l’Evangile. « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un des ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Math. 25, 40).

Bénissez le Seigneur, toutes ses œuvres, à tout lieu dans sa domination.

                                     Tu es béni, Seigneur !

                                          Père Théodore