mercredi 29 février 2012

Visite des Soeurs du Monastère de la Transfiguration (Terrasson-Lavilledieu) à l'Eglise Orthodoxe Grecque de Bordeaux



Le dimanche 4 mars, de 9h30 à 11h30, les soeurs et des fidèles du monastère orthodoxe de la Transfiguration (Terrasson-Lavilledieu), métochion du monastère de Simonos-Petra au Mont Athos, dont le recteur est le père Elie, viendront assister et chanter à l'office de l'église orthodoxe grecque de Bordeaux. Une occasion exceptionnelle d'apprécier leur chorale à la voix angélique et au rythme typiquement byzantin. 

 

lundi 27 février 2012

Le dimanche du pardon



Les trois semaines du pré-carême se sont écoulées et s’ouvrent déjà le Triode qui s'achèvera le samedi saint pour les Orthodoxes. Nous entrons progressivement dans le jeûne et dans l'abstinence de tous les produits animaux et de leurs dérivés, et également dans l'esprit du repentir, de la metanoia, qui est bien plus important que le jeûne lui-même.

Les offices du carême conduiront les fidèles à entrer dans un temps totalement différent, qui va les renouveler entièrement. Les fidèles s'inclinent les uns devant les autres  pour se demander mutuellement pardon.

Les offices, comme le Grand Canon de Saint André de Crète, la liturgie des présanctifiés, l'office de l'acathiste à la Mère de Dieu, l'anaphore de Saint Basile par sa divine liturgie, sont tous d’une splendeur sans pareil. L'une des hymnes les plus connues est certainement la prière de Saint Ephrem, considérée comme la prière du carême. Elle est récitée à chaque office tout au long du jour, accompagnée des prosternations. Une sorte de radieuse tristesse parcourt tous ces offices qui sont plus longs, et dont la structure est différente de celles des offices qui ont lieu le reste de l'année. Les lectures bibliques sont fréquentes, mais moins celles du Nouveau Testament. Ceci rappelle que ce temps était le temps privilégié de préparation des catéchumènes au baptême, et que ces lectures servaient de catéchèses. Notons aussi que le jeûne a constamment eu lieu avec la conversion du cœur, le combat contre les passions et l'amour du prochain.

Notre Eglise, notre peuple, nous demandons tous le pardon de Dieu. Repentons-nous devant Lui, en révélant nos péchés à nos confesseurs, comme le prescrit la Sainte Eglise. Un repentir véritable, c'est aussi une foi ferme : tous les péchés que nous regrettons sincèrement et dans lesquels nous ne voulons pas retomber seront pardonnés par le Seigneur. C'est le commencement d'une vie nouvelle. « Repentez-vous donc et convertissez-vous, pour que vos péchés soient effacés, afin que des temps de rafraîchissement viennent de la part du Seigneur ».

Père Théodore

lundi 20 février 2012

Dimanche du carnaval ou du dernier jugement


Le mot « carnaval » est synonyme de débauches en tout genre, de beuveries et de mascarades. L'étymologie du mot est : carnem, la « viande », et levare, « lever » ou « alléger » ; le mot signifie donc « retirer la viande » ou « arrêter de manger  de la viande ». Une autre étymologie serait : carno, la « viande », et vale « au revoir » ; le mot signifierait « au revoir à la viande » ou « au revoir à la chair », c'est-à-dire qu’il acquiert un sens plus spirituel : « quitter les soucis de la chair ».

La semaine qui suit le carnaval, un jeûne limité est prescrit par l'Eglise ; elle nous introduit progressivement dans cet effort, connaissant notre fragilité, prévoyant notre faiblesse  spirituelle.

Le péché est toujours absence d'amour, et dès lors, séparation, isolement, guerre de tout contre tout. La nouvelle donnée par le Christ est une vie de réconciliation, « de rassemblement dans l'unité de ceux qui étaient dispersés », la restauration de l'amour brisé par le péché. Lorsque le Christ viendra pour nous juger, la parabole de ce dimanche nous répond: « L'amour concret et personnel pour la personne humaine est pour toute personne humaine  que Dieu me fait rencontrer dans ma vie ».

Les chrétiens sont appelés à veiller au mieux de leurs possibilités et de leur compréhension, pour une société juste, équitable, et en général plus humaine. Il n'y a pas d'amour « impersonnel », parce que l'amour est la merveilleuse découverte de la « personne dans l'homme, de ce qui est personnel et unique dans le commun et le général ». C'est la découverte en chaque humain de sa part divine.

Nous savons aussi que les hommes sont en prison, malades, assoiffés, affamés, parce que cet amour personnel leur a été refusé.

Enfin, nous savons aussi étroit et limité que puisse être le cadre de notre existence personnelle, chacun d'entre nous a été rendu responsable pour une infime partie du Royaume de Dieu. Dès lors que nous ayons ou non accepté cette responsabilité, que nous ayons aimé ou refusé d'aimer, voilà sur quoi nous serons jugés. Car « toutes les fois que vous l'avez fait à l'un de Mes petits frères que voici, c'est à Moi-même que vous l'avez fait... »

Père Théodore

lundi 13 février 2012

Le début du cycle liturgique pascal dans l'Eglise Orthodoxe




Les semaines préparatoires pour le Grand Carême commencent avec le dimanche du Publicain et du Pharisien associé à l'orgueil ; hier, c’était le dimanche du Fils Prodigue, associé au sentiment de la justice ; et le dimanche prochain est celui du Jugement dernier : c'est ce qu’on surnomme le début du cycle liturgique pascal dans l'Eglise Orthodoxe.

La signification du Grand Carême est assez complexe. Ce Carême a été le résultat  d'un long développement historique où se sont mêlés des éléments très divers. C'est au IVe siècle que le Carême s'est à peu prés constitué avec les traits principaux qu'il a encore aujourd'hui. Aux IIe et IIIe siècles, on observait seulement ce qu'on appelait le jeûne anté-pascal, du vendredi saint au dimanche de Pâques. Mais, dès le IVe siècle, le concile de Nicée mentionne la « quarantaine ». Au VIIe siècle, le Carême est presque partout établi sous sa forme actuelle.

Le Carême est un temps de pénitence. L'hymnologie orthodoxe est très riche, et pour le dimanche du Fils Prodigue on récite: « J'étais dans le vivant pays de l'innocence, mais j'ai semé le péché sur la terre. J'ai récolté sous la faucille les épis de la négligence. J'ai fait des meules avec les gerbes de mes actes, et je ne les ai pas étendues sur l'aire du repentir. Mais je te prie, notre Dieu qui est avant les siècles et cultive le monde, vanne au vent de ta miséricorde la paille de mes œuvres, verse dans mon âme le blé de l'absolution, porte-moi dans les greniers du ciel et sauve-moi ».

Reconnaissons la puissance du mystère. Du péché le Fils Prodigue revient vers le foyer paternel. Toute bonté, le Père part à sa rencontre et l'embrasse ; il lui rend les signes de sa gloire et comble de joie mystique ceux qui sont en haut en immolant le veau gras, pour que notre vie soit digne d'être au Père qui sacrifia à son amour de l'homme et à la victime  glorieuse, le Sauveur de nos âmes.

Dans la foi, imitons son bon repentir. Dans l'humilité du cœur, disons à Celui qui voit tous les secrets: « Nous avons péché contre Toi, Père compatissant, et nous ne sommes plus dignes d'être appelés tes enfants. Mais, par nature, Tu aimes l'homme ; reçois-nous et fais de nous d'un de Tes serviteurs ».

Père Théodore

lundi 6 février 2012

Geste paternel du patriarche de la Russie Cyrille Ier envers le peuple grec



Le patriarche Cyrille de Russie a donné sa bénédiction pour rassembler des fonds  dans les églises de la Russie destinés à aider les Grecs qui font face à des problèmes socio-économiques liés à la crise. Une décision qui est commune avec celle de l'archevêque d'Athènes, Mgr Jérôme, pour contribuer à l'œuvre philanthropique de l'Eglise de Grèce, pour aider les plus démunis des citoyens grecs, en signalant que « parfois la politique divise, mais la religion toujours nous unit ».

De son côté, le patriarche Cyrille a qualifié de « très bonnes » les relations avec l'Eglise de Grèce. Les relations traditionnelles entre les deux églises portent une grande importance aux relations entre la Grèce, la Russie, l'Ukraine et d'autres pays orthodoxes où l'Eglise russe est présente. La politique « vient et s'en va », elle change, mais les liens des peuples qui arrivent du fond du temps restent.

Il est certain qu'aujourd'hui, nous vivons des moments très difficiles, mais nous espérons que dans l'Europe, la Grèce pourra faire face à ses grandes difficultés. Le patriarche a caractérisé l'Orthodoxie un élément significatif de l'identité ethnique, en citant qu'une série des joyaux venant de Grèce, comme les reliques de Saint Dimitri de Salonique, ou la ceinture de la Sainte Vierge du monastère de Vatopédi, avaient parcouru la Russie. Le peuple russe avait répondu avec enthousiasme à la venue de ces reliques. Par un froid glacial, les fidèles faisaient jusqu' à 24 h de queue pour les vénérer et se prosterner devant elles.

Lors de sa visite en Russie, M. Andonis Samaras a déclaré : « Voici la foi orthodoxe qui trouve la nécessité d'une élévation spirituelle, donnant droit au peuple simple de s'appuyer sur elle, pour avoir la force de cette édification spirituelle qui est nécessaire afin de sortir de la crise plus facilement, et en douceur ».

Père Théodore

vendredi 3 février 2012

"Mondialisation et religion dans la cité": Troisième Conférence Interreligieuse à Bordeaux




Les sociologues remarquent que la mondialisation apporte une facilité de plus en plus grande pour voyager et communiquer. Les personnes et les idées venant de divers lieux se rencontrent, en même temps cela favorise ce que Jacques Attali appelle le « nomadisme ». Comment vivre en communauté cette rapidité des communications, de l’information, des langues différentes, déplacement, territorialité, politique, etc. Ensuite, l’immigration est un des problèmes les plus importants à résoudre pour les pays riches. Qui peut venir ? Qui sera exclu ?



Dans le domaine de la religion, la mondialisation a des implications significatives. Il est impossible de regarder le monde actuel sans reconnaître la place importante qu’y occupent les religions. S’il est exact que dans un grand nombre de conflits sur la planète le facteur religieux est présent, il n’en est pas moins vrai que, dans une vision libérale ou éclairée, l’homme peut, et même doit, vivre de sorte que sa religion ne sorte pas de la sphère privée.
 
La sécularisation elle-même peut revêtir un aspect religieux dont il ne faut pas oublier qu’il a deux faces. Le côté positif est que la religion institutionnalisée – l’Eglise – ne peut plus exercer une emprise qui ne lui appartient pas sur les affaires de la cité. Selon une juste compréhension de la notion de laïcité, idée voisine de celle de sécularisation, aucune religion ne peut exercer sur la société une influence qui ne relève pas de sa compétence. Mais le danger de la sécularisation est de marginaliser la religion au point de lui faire perdre sa voix prophétique et son rayonnement. Le risque est grand de faire de la laïcité , qui a certes bien des qualités ,une sorte de religion qui n’en a pas le nom. En revanche, on doit plaider pour une laïcité capable d’intégrer positivement les apports sociaux, culturels et éthiques des religions dans des sociétés d’individus en quête de repères et de motivations. Il n’y a donc pas lieu d’enfermer la religion dans un cocon. Elle doit vivre dans la cité avec pour objectif de lui apporter sa lumière, vivre en paix avec tous les hommes, mais aussi œuvrer à l’ accomplissement de toutes les vocations légitimes.

 
Cela dit la religion doit figurer dans le combat spirituel des enfants de Dieu. La ville peut être un lieu de séduction où la terre entière, remplie d’admiration, a suivi la Bête. Notre tâche aujourd’hui est d’œuvrer pour le passage de la cité terrestre à la cité de Dieu. Notre tâche est de lutter contre l’injustice qui sépare les riches des pauvres, les puissants des démunis.
 
Notre tâche est d’adopter la culture de la non-violence et de respect de la vie.


D’adopter la culture de la solidarité, de la complémentarité et d’un système économique impartial.

 
D’adopter la culture de la tolérance, de la coexistence et des principes d’honnêteté et de loyauté.
 
D’adopter la culture de l’égalité des droits et des obligations entre adeptes des différentes religions.


Ces lignes directrices traduisent une double transition intellectuelle dans le cadre des valeurs morales.
 
D’une part, elles présentent une vision éthique procédant d’un processus d’échange
endogène , de sorte que les adeptes des différentes religions retrouvent leur identité religieuse, au sens large du terme, au sein de leurs communautés respectives, au lieu de les chercher à l’extérieur ou de s’engager dans des conflits avec ces composantes. D’autant que dans le monde actuel, où tous les éléments sont interdépendants, l’individu qui adopte une religion doit respecter les autres religions et rester ouvert à leurs doctrines.


D’autre part, ces lignes directrices constituent une transition centrale sur le plan moral qui
cesse d’être concerné par les responsabilités morales des membres d’une communauté spécifique pour devenir universel et concerné par les responsabilités morales des différentes communautés, cultures et religions.
  
En fait, nous savons qu’il n’appartient pas aux religions de résoudre les problèmes
environnementaux, politiques et sociaux de notre planète et de notre cité. Par contre, me semble-t-il, elles peuvent offrir ce que les plans économiques, politiques, les lois et les législations ne peuvent donner, à savoir : un changement des orientations personnelles dans les mentalités et dans le cœur des gens. Elles peuvent intervenir pour corriger les déviations et fournir une nouvelle manière de vivre. L’humanité a grandement besoin d’un renouveau spirituel auquel devront contribuer toutes les énergies et compétences spirituelles religieuses. Ceci permettra de consolider l’assise morale de l’entente tout en mettant en place les critères appropriés pour assurer la communion de l’individu avec lui-même, avec son Créateur et avec sa communauté, tout en constituant un abri pour son esprit. Ce faisant, les valeurs, les lieux saints, les fêtes religieuses et leurs rites respectifs retrouveront le respect qu’ils méritent.


 Il n’y a pas de lieu sur terre qui ne se prévale de sa religion. Les religions ont marqué les
civilisations et les cultures. Le vide spirituel a pour effet d’ébranler les valeurs spirituelles, mais aussi de favoriser le radicalisme et les régimes despotiques. Les religions contribuent en outre à restreindre le matérialisme aveugle et l’égocentrisme irréfléchi. L’adoption d’une telle vision permettra de relever les défis de la mondialisation grâce à la mobilisation des volontés qui assurera la liberté de l’être humain, la protection de son identité et son accomplissement à travers la créativité, la distinction et la divergence.


 
Pour conclure, je veux remercier les Eglises locales qui m’ont accueilli à bras ouverts, et ont aidé ma Religion et ma Paroisse. Je veux remercier M. le Maire ainsi que ses collaborateurs qui ont su, grâce à un travail constant, nous aider à vivre ensemble, à nous connaître et nous reconnaître,et, finalement à nous respecter et nous aimer.

Père Théodore



"Les religions se parlent" (article du Sud Ouest: 03/02/2012)

Hier soir, se tenait la troisième conférence interreligieuse et citoyenne.

Les représentants des différents cultes ont parlé religion et mondialisation.

Les représentants des différents cultes ont parlé religion et mondialisation. (photos quentin salinier)

 

L'Athénée municipal était plein à craquer, hier soir, à 18 h 30. Des Bordelais avaient fait le déplacement en nombre afin d'assister à la troisième conférence interreligieuse organisée par la mairie. Trois cents personnes, et de tous les âges. Thème retenu cette année ? Un sujet sensible. Celui des rapports des religions avec la mondialisation.
Le maire, Alain Juppé, présidait cette réunion. Au pied de l'estrade, l'attendaient les représentants religieux. Quelques mains serrées, quelques accolades, avant de laisser la place aux discussions. En maître de cérémonie, Ludovic Martinez, directeur de cabinet du maire, a entamé le débat en parlant du printemps arabe, évoquant tout de même au passage l'actualité bordelaise puisque « les catholiques vendent un terrain à des musulmans ». Une autre illustration du dialogue des religions.

Alain Juppé a ensuite pris la parole. « Je suis attaché aux principes de laïcité. Il existe une distinction claire entre deux ordres : le temporel (politique) et le spirituel (religieux). Et ils ne doivent pas interférer car la politique, c'est aussi la liberté d'opinion. Nous avons donc besoin d'échanger et les responsables religieux de la ville doivent apporter leurs éclairages », a-t-il rappelé afin de justifier la nécessité de ces rencontres annuelles. Avant d'ajouter : « La mondialisation inquiète car les extrémistes brouillent la compréhension. Mais je suis ici comme témoin et pas comme un acteur ». 

L'intégrisme en question

Mgr Ricard a résumé la position des catholiques sur le rapport des religions avec la mondialisation. « On peut la vivre soit comme une chance, soit comme un danger. Ou bien on accepte de se livrer et de s'enrichir, où alors, on se referme dans sa conception religieuse et son idéologie et on se met une carapace », a-t-il expliqué. D'après lui, l'intégrisme et le fondamentalisme ne sont pas des échecs mais des phénomènes de société. « Des maladies qu'il faut soigner », selon son expression.
Du côté des bouddhistes, la mondialisation est « bipolaire ». « C'est quelque chose de très positif et aussi la boîte de Pandore avec les inégalités et cela mène à des dérapages », a noté leur représentante Françoise Cartau. Quant aux protestants, leur représentant encourage une « volonté de coopération et de non-concurrence ».
Le rabbin Moïse Taïeb envisage pour sa part la mondialisation comme une chance et une possibilité d'ouverture au monde, faisant des allusions à des textes bibliques de la Torah. « L'essentiel est de pas avoir peur de l'autre et de ce qu'il peut représenter dans le but de créer une société qui vise à l'harmonie humaine. Il faut aimer son lointain. »
Le père Papanicolaou, de l'église orthodoxe grecque, a souligné la place très importante des religions dans un grand nombre de conflits, ainsi que sur la question de la crise en Grèce.
Le représentant des musulmans, l'iman bordelais Tareq Oubrou a évoqué la question du temps : « Celui des religions n'est pas celui de la civilisation et de la politique. Les grandes religions continueront à traverser le temps des civilisations ».
Un peu à la façon d'un maître d'école, bien qu'il s'en défende, le maire Alain Juppé a synthétisé cette rencontre. Avant de prendre sa casquette de ministre pour conclure sur la révolution arabe : « Il ne fallait pas abandonner ces pays qui vivaient sous l'autoritarisme ».

Par Caroline Campagne, Journal "Sud Ouest"

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