Pour un
canoniste, la décision de Benoît XVI n'a rien d'extraordinaire. Les canons de
l' Eglise prévoient en effet une telle éventualité, sans conditions particulières.
En tant que
prêtre orthodoxe depuis quatre décennies, je peux dire que cette mesure l' honore;
en revanche, c'est une surprise, étant donné que ses prédécesseurs, même
diminués à la fin de leur vie, restaient
arrimés à leurs fonctions. Il s'agit ici d'une approche très moderne, d'une
décision qui suppose une grande liberté intérieure et un discernement aigu sur
ses propres capacités.
J'admire la sagesse du Pape; je l'aimais pour
sa bonté, son écoute de tous, et ses décisions courageuses, mais aussi pour sa
grande foi et son intelligence, son caractère discret.
Il avait déjà
annoncé, à plusieurs reprises, qu'il n'hésiterait pas à renoncer à sa tâche
papale, s'il se trouvait dans l'incapacité physique, psychologique ou
spirituelle d'exercer ses fonctions.
Le pape
Benoît XVI était un interprète du Vatican II, un auteur d'encycliques, un
théologien, qui a fait de la liberté religieuse l'axe de sa diplomatie. Un pape
qui ne laisse pas la barque de l' Eglise sans objectif ni sans lien. Il a fixé le
cap. Cette annonce, je pense, est à relier à sa profonde honnêteté intellectuelle,
sa droiture morale qui constitue un modèle, un pontificat d'unité, mais qui
tient davantage compte des diversités.
Que l'Esprit Saint éclaire ceux qui seront appelés
à élire le nouveau pape, digne et capable de bien diriger cette immense Eglise,
sœur, d'un milliard des fidèles.
Père Théodore