vendredi 24 octobre 2014

Il faut parler vrai, avec « parrhesia »! ("Le Billet", RCF)

Le pape François, ouvrant le synode, n’a pas utilisé au hasard le mot « parrhesia », notion grecque qui se traduit par « liberté de parler » ; c'est-à-dire le « franc-parler » très évangélique. Ce terme revient à plusieurs reprises dans le Nouveau Testament, et surtout chez saint Jean. C’est le droit qu’à chacun de tout dire, un droit reconnu au citoyen dans une démocratie, « une forme d’étique de la liberté », comme disait Socrate.

Dans les Évangélistes, « parrheria » signifie, en outre, la capacité à prendre la parole publiquement, comme un acte de courage ou de foi.

Au cours du synode, les évêques ne risquent rien à « parler vrai » en public et à s’expliquer ; au contraire, les responsables deviennent inaudibles à force de cacher toute critique ou austérité dans leur discours. Il peut arriver en effet que l’Eglise s’habitue à un langage feutré et à un mode de communication souvent inodore.

Par peur de mettre à jour les divergences internes, de nuire à une volonté de « communion » comprise comme uniformité, les Eglises sont passées maître dans la langue de bois ou « langue de buis », et sont devenues incompréhensibles pour qui n’a pas les clés pour les décrypter.

C'est là l’une des grandes critiques que l’on puisse faire à la communication ecclésiale, de même qu’à celle de nombreuses institutions politiques, sociales ou syndicales.

Le pape François, me semble-t-il, fait bien de « replonger » les Eglises d’aujourd’hui dans ce parler vrai qui appelle à un renouveau jaillissant des racines profondes de notre foi en Christ.

En parrhesia,

Père Théodore