lundi 26 mars 2012

Le décès de Chenouda III, primat de l' Eglise Orthodoxe Copte




Chenouda III (Nazir Gayed Roufaïl de son vrai nom), chef spirituel de l’Eglise orthodoxe copte, est mort le 17 mars dernier, à l’âge de 88 ans. Il fut le 117e primat sur le trône papal d'Alexandrie, laissant derrière lui des fidèles inquiets face à la montée de l'islamisme en Egypte.

Après de brillantes études au Caire, il est ordonné prêtre en 1955 et consacré évêque  en 1962. En novembre 1971, il est élu et intronisé pape d'Alexandrie et patriarche du siège de Saint Marc. Auteur des nombreux ouvrages de morale, de patristique et d'ecclésiologie, il est marqué par une rénovation profonde de l'administration de l'Eglise et une expansion sans précédent vers des communautés coptes hors d'Egypte. Exilé par Sadate d'Egypte, il ne revient au pays qu’à la suite de l'assassinat du Président.

En 1991, il est élu membre de la présidence du Conseil Œcuménique des Eglises, dont le siège est à Genève, et, en octobre 2000, il est désigné lauréat du prix UNESCO, pour la promotion de la tolérance et de la non-violence. Il est connu aussi pour son désaccord sur la doctrine du « subsistit in », issu du Concile Vatican II.

Le monde chrétien fait ses adieux à un grand pasteur de renommée internationale et à une grande figure chrétienne du XXe siècle. Proche de son peuple, connu pour ses talents liturgiques et pastoraux, c’est un prédicateur averti qui quitte son Eglise à un moment crucial, sachant que l'Egypte passe des moments difficiles quant au devenir de cette nation. Il disait que « l'Egypte n'est pas une nation dans laquelle  nous vivons, mais une nation qui vit en nous ».

 Le pouvoir militaire et les frères musulmans soulignent son patriotisme et ont participé à ses obsèques. De leur côté, le patriarche œcuménique Bartholomé et le pape Benoît XVI s'unissent spirituellement à la prière pour que « le Seigneur accueille ce grand pasteur »! Il est rare de voir les orthodoxes, les catholiques et les musulmans s'associer, dans un même hommage, pour un chef religieux.

Père Théodore

lundi 19 mars 2012

Dimanche de la vénération de la sainte croix




Le troisième dimanche du carême orthodoxe est appelé le dimanche de la « vénération de la Sainte Croix ». Il est remarquable que le thème de la Croix qui domine l'hymnologie de ce jour ait développé en des termes, non pas de souffrance, mais de victoire  et de joie. Les chants donnant le thème du Canon du dimanche sont issus de l'office pascal, et ce Canon est une paraphrase du Canon de Pâques.

Nous sommes à la mi-Carême. L'effort physique et spirituel, s'il est effectué de manière sérieuse et constante, commence à être pesant ; notre fatigue devient plus évidente ; on a besoin d'aide, d'encouragement.

Mais le Carême est notre propre crucifixion, notre expérimentation du commandement du Christ entendu dans l'évangile de ce dimanche : « si quelqu'un veut me suivre, qu'il renonce à lui-même, prenne sa croix et me suivre » (Mat. 8, 34). Et Sa croix qui nous sauve donne non seulement signification, mais aussi puissance aux autres. Oui, par le jeûne, nous avons une sensation d'amertume à cause de notre négligence ou de notre découragement. Voici qu'est exposée la vivifiante croix, comme pour nous ranimer, nous soutenir, et nous encourager en rappelant les souffrances de notre Christ. Les Saints Pères de l'Eglise ont planté la croix vivifiante, qui nous procure fraîcheur et repos, et qui soulage les voyageurs fatigués. Au milieu des eaux, le divin Moïse jeta le bois pour les rendre douces ; au milieu du jardin d'Eden, se trouvait l'arbre de vie ; au milieu du Carême, les Saints Pères ont planté la Croix en commémorant l'avidité d'Adam; car, en ayant goûté la croix, nous ne muerons pas, mais serons vivifiés. Un hymne de ce jour dit ceci:


« Salut, vivifiante Croix du Seigneur, invincible trophée de la foi, porte du paradis, rempart de l'Eglise et réconfort des croyants; par toi fut abolie la puissance de la mort, par toi paraît l'antique malédiction, par toi nous sommes élevés de terre jusqu'au ciel, arme invincible qui chasse les démons, havre de salut et gloire des Martyrs, précieux ornement des moines saints  au monde, tu apportes la grâce du salut ».


Père Théodore

lundi 12 mars 2012

Deuxième dimanche du carême: Saint Grégoire Palamas




L'apôtre Paul exhorte tous les chrétiens de prier sans cesse « en commun », et le prophète David, même s'il était roi, avec tous les soucis que cette fonction suppose, dit : « je vois le Seigneur devant moi sans relâche », c'est-à-dire, noétiquement, au moyen de la prière, je vois le Seigneur en face de moi tout le temps.

Saint Grégoire le théologien nous incite non seulement à prier, mais aussi de demander à tout le monde à faire de même: les moines et les laïcs, instruits ou non, hommes, femmes et enfants, nous devrions tous les encourager à prier sans cesse.

 La contemplation profonde de Palamas lui fait aussi entrevoir ce qu'a pu vivre la Vierge Marie: avant de devenir la mère de Dieu, la Théotokos, elle a parcouru une ascension spirituelle. L'incarnation de Dieu est à la fois une juste réponse à l'humanité en prière et un don gratuit au-delà de toute mesure. La sainteté de Marie et sa maternité divine sont un contact avec la vie éternelle ; devenue mère de Dieu, elle est au contact du créée et de l'incréée, elle est médiatrice d'éternité.

Saint Grégoire Palamas insiste sur cet aspect expérimental de la grâce. Sa théologie  vise à défendre ceux qui vivent, dès à présent, des énergies divines ; énergies que les paroles  ne démontrent pas, mais qui restent néanmoins perceptibles dans les œuvres, celles du Christ et des saints à sa suite. Palamas confesse que, malgré la nécessité de la polémique, il éprouve des difficultés à écrire sur le thème de la déification de l'homme, précisément parce qu'il s'agit avant tout d'une expérience vécue et infime avec Dieu, d'une expérience qui dépasse donc tout entendement. Autrement dit, la synergie entre la volonté de Dieu et celle de l'homme donne l'union de l'homme à Dieu par le truchement de la prière fervente et incessante. Le but de l'homme est de devenir Dieu (théosis = divinisation), par la grâce de Dieu, et dans l'Esprit Saint.

Père Théodore

mardi 6 mars 2012

Dimanche du triomphe de l'Orthodoxie



Le premier dimanche du carême, l'Eglise Orthodoxe célèbre la victoire de l'orthodoxie sur l'iconoclasme, c'est-à-dire le rétablissement de la vénération des icônes au sein de l'Eglise. Cette fête fut instituée en 843.

Les chrétiens orthodoxes vénèrent les icônes parce qu'elles les placent dans la présence réelle de ce qu'elles représentent. Il s’agit d’« une vénération », et non d’« une adoration », car seul Dieu est adoré. Selon la doctrine de l'Eglise précisée au 7e Concile Œcuménique en 787 : « [...] l'honneur rendu à l'image va à son prototype, et celui qui vénère l'icône vénère la personne qui y est représentée [...] ».

Il est certain que l’iconoclasme fut une période tragique dans l'histoire de Byzance et de l'Eglise. « Byzance a vu des gens mourir pour les images », rappelle André Grabar. Mais la reine Théodora, gardienne de la foi, avec ses descendants habillés de pourpres, réfutant leurs erreurs illicites et imitant les rois pieux, se montrant plus pieuse que tous, avait restauré la vénération des icônes.

Le Fils, né du Père indescriptible, ne peut avoir d'image. Né de Marie, il a une image qui correspond à celle de sa Mère. Cette image n'est pas simplement humaine, car elle reflète la dignité paradisiaque de l'homme. Le nouvel Adam vient rétablir la ressemblance divine que le premier Adam, qui fut créé à l'image de Dieu, a perdue de sa chute. « Le verbe non descriptible du Père s'est fait descriptible en s'incarnant de toi, Mère de Dieu », dit la prière, «   ayant établi dans sa dignité originelle l'image souillée, il l'unit à la beauté divine ».

Ce dimanche sacre l'image. L'interdiction de toute représentation formulée et répétée dans l' Ancien Testament est levée par le Christ, pour son corps et les membres de son corps, c'est-à-dire sa mère et ses amis saints. Inséparable de son Fils, Marie est l'image suprême de cette nature déifiée qu'elle partage avec les saints. L'hymne forte de ce jour nous dit :


« Devant ta sainte icône, nous nous prosternons, Dieu de bonté, implorant le pardon de nos fautes, ô Christ notre Dieu, car Tu as bien voulu souffrir en montant sur la croix, pour sauver ta créature de la servitude de l'ennemi, aussi dans l'action des grâces, nous Te crions: “Tu as rempli de joie l'univers, ô notre Sauveur, en venant porter au monde le salut” ».


Père Théodore

mercredi 29 février 2012

Visite des Soeurs du Monastère de la Transfiguration (Terrasson-Lavilledieu) à l'Eglise Orthodoxe Grecque de Bordeaux



Le dimanche 4 mars, de 9h30 à 11h30, les soeurs et des fidèles du monastère orthodoxe de la Transfiguration (Terrasson-Lavilledieu), métochion du monastère de Simonos-Petra au Mont Athos, dont le recteur est le père Elie, viendront assister et chanter à l'office de l'église orthodoxe grecque de Bordeaux. Une occasion exceptionnelle d'apprécier leur chorale à la voix angélique et au rythme typiquement byzantin. 

 

lundi 27 février 2012

Le dimanche du pardon



Les trois semaines du pré-carême se sont écoulées et s’ouvrent déjà le Triode qui s'achèvera le samedi saint pour les Orthodoxes. Nous entrons progressivement dans le jeûne et dans l'abstinence de tous les produits animaux et de leurs dérivés, et également dans l'esprit du repentir, de la metanoia, qui est bien plus important que le jeûne lui-même.

Les offices du carême conduiront les fidèles à entrer dans un temps totalement différent, qui va les renouveler entièrement. Les fidèles s'inclinent les uns devant les autres  pour se demander mutuellement pardon.

Les offices, comme le Grand Canon de Saint André de Crète, la liturgie des présanctifiés, l'office de l'acathiste à la Mère de Dieu, l'anaphore de Saint Basile par sa divine liturgie, sont tous d’une splendeur sans pareil. L'une des hymnes les plus connues est certainement la prière de Saint Ephrem, considérée comme la prière du carême. Elle est récitée à chaque office tout au long du jour, accompagnée des prosternations. Une sorte de radieuse tristesse parcourt tous ces offices qui sont plus longs, et dont la structure est différente de celles des offices qui ont lieu le reste de l'année. Les lectures bibliques sont fréquentes, mais moins celles du Nouveau Testament. Ceci rappelle que ce temps était le temps privilégié de préparation des catéchumènes au baptême, et que ces lectures servaient de catéchèses. Notons aussi que le jeûne a constamment eu lieu avec la conversion du cœur, le combat contre les passions et l'amour du prochain.

Notre Eglise, notre peuple, nous demandons tous le pardon de Dieu. Repentons-nous devant Lui, en révélant nos péchés à nos confesseurs, comme le prescrit la Sainte Eglise. Un repentir véritable, c'est aussi une foi ferme : tous les péchés que nous regrettons sincèrement et dans lesquels nous ne voulons pas retomber seront pardonnés par le Seigneur. C'est le commencement d'une vie nouvelle. « Repentez-vous donc et convertissez-vous, pour que vos péchés soient effacés, afin que des temps de rafraîchissement viennent de la part du Seigneur ».

Père Théodore

lundi 20 février 2012

Dimanche du carnaval ou du dernier jugement


Le mot « carnaval » est synonyme de débauches en tout genre, de beuveries et de mascarades. L'étymologie du mot est : carnem, la « viande », et levare, « lever » ou « alléger » ; le mot signifie donc « retirer la viande » ou « arrêter de manger  de la viande ». Une autre étymologie serait : carno, la « viande », et vale « au revoir » ; le mot signifierait « au revoir à la viande » ou « au revoir à la chair », c'est-à-dire qu’il acquiert un sens plus spirituel : « quitter les soucis de la chair ».

La semaine qui suit le carnaval, un jeûne limité est prescrit par l'Eglise ; elle nous introduit progressivement dans cet effort, connaissant notre fragilité, prévoyant notre faiblesse  spirituelle.

Le péché est toujours absence d'amour, et dès lors, séparation, isolement, guerre de tout contre tout. La nouvelle donnée par le Christ est une vie de réconciliation, « de rassemblement dans l'unité de ceux qui étaient dispersés », la restauration de l'amour brisé par le péché. Lorsque le Christ viendra pour nous juger, la parabole de ce dimanche nous répond: « L'amour concret et personnel pour la personne humaine est pour toute personne humaine  que Dieu me fait rencontrer dans ma vie ».

Les chrétiens sont appelés à veiller au mieux de leurs possibilités et de leur compréhension, pour une société juste, équitable, et en général plus humaine. Il n'y a pas d'amour « impersonnel », parce que l'amour est la merveilleuse découverte de la « personne dans l'homme, de ce qui est personnel et unique dans le commun et le général ». C'est la découverte en chaque humain de sa part divine.

Nous savons aussi que les hommes sont en prison, malades, assoiffés, affamés, parce que cet amour personnel leur a été refusé.

Enfin, nous savons aussi étroit et limité que puisse être le cadre de notre existence personnelle, chacun d'entre nous a été rendu responsable pour une infime partie du Royaume de Dieu. Dès lors que nous ayons ou non accepté cette responsabilité, que nous ayons aimé ou refusé d'aimer, voilà sur quoi nous serons jugés. Car « toutes les fois que vous l'avez fait à l'un de Mes petits frères que voici, c'est à Moi-même que vous l'avez fait... »

Père Théodore

lundi 13 février 2012

Le début du cycle liturgique pascal dans l'Eglise Orthodoxe




Les semaines préparatoires pour le Grand Carême commencent avec le dimanche du Publicain et du Pharisien associé à l'orgueil ; hier, c’était le dimanche du Fils Prodigue, associé au sentiment de la justice ; et le dimanche prochain est celui du Jugement dernier : c'est ce qu’on surnomme le début du cycle liturgique pascal dans l'Eglise Orthodoxe.

La signification du Grand Carême est assez complexe. Ce Carême a été le résultat  d'un long développement historique où se sont mêlés des éléments très divers. C'est au IVe siècle que le Carême s'est à peu prés constitué avec les traits principaux qu'il a encore aujourd'hui. Aux IIe et IIIe siècles, on observait seulement ce qu'on appelait le jeûne anté-pascal, du vendredi saint au dimanche de Pâques. Mais, dès le IVe siècle, le concile de Nicée mentionne la « quarantaine ». Au VIIe siècle, le Carême est presque partout établi sous sa forme actuelle.

Le Carême est un temps de pénitence. L'hymnologie orthodoxe est très riche, et pour le dimanche du Fils Prodigue on récite: « J'étais dans le vivant pays de l'innocence, mais j'ai semé le péché sur la terre. J'ai récolté sous la faucille les épis de la négligence. J'ai fait des meules avec les gerbes de mes actes, et je ne les ai pas étendues sur l'aire du repentir. Mais je te prie, notre Dieu qui est avant les siècles et cultive le monde, vanne au vent de ta miséricorde la paille de mes œuvres, verse dans mon âme le blé de l'absolution, porte-moi dans les greniers du ciel et sauve-moi ».

Reconnaissons la puissance du mystère. Du péché le Fils Prodigue revient vers le foyer paternel. Toute bonté, le Père part à sa rencontre et l'embrasse ; il lui rend les signes de sa gloire et comble de joie mystique ceux qui sont en haut en immolant le veau gras, pour que notre vie soit digne d'être au Père qui sacrifia à son amour de l'homme et à la victime  glorieuse, le Sauveur de nos âmes.

Dans la foi, imitons son bon repentir. Dans l'humilité du cœur, disons à Celui qui voit tous les secrets: « Nous avons péché contre Toi, Père compatissant, et nous ne sommes plus dignes d'être appelés tes enfants. Mais, par nature, Tu aimes l'homme ; reçois-nous et fais de nous d'un de Tes serviteurs ».

Père Théodore

lundi 6 février 2012

Geste paternel du patriarche de la Russie Cyrille Ier envers le peuple grec



Le patriarche Cyrille de Russie a donné sa bénédiction pour rassembler des fonds  dans les églises de la Russie destinés à aider les Grecs qui font face à des problèmes socio-économiques liés à la crise. Une décision qui est commune avec celle de l'archevêque d'Athènes, Mgr Jérôme, pour contribuer à l'œuvre philanthropique de l'Eglise de Grèce, pour aider les plus démunis des citoyens grecs, en signalant que « parfois la politique divise, mais la religion toujours nous unit ».

De son côté, le patriarche Cyrille a qualifié de « très bonnes » les relations avec l'Eglise de Grèce. Les relations traditionnelles entre les deux églises portent une grande importance aux relations entre la Grèce, la Russie, l'Ukraine et d'autres pays orthodoxes où l'Eglise russe est présente. La politique « vient et s'en va », elle change, mais les liens des peuples qui arrivent du fond du temps restent.

Il est certain qu'aujourd'hui, nous vivons des moments très difficiles, mais nous espérons que dans l'Europe, la Grèce pourra faire face à ses grandes difficultés. Le patriarche a caractérisé l'Orthodoxie un élément significatif de l'identité ethnique, en citant qu'une série des joyaux venant de Grèce, comme les reliques de Saint Dimitri de Salonique, ou la ceinture de la Sainte Vierge du monastère de Vatopédi, avaient parcouru la Russie. Le peuple russe avait répondu avec enthousiasme à la venue de ces reliques. Par un froid glacial, les fidèles faisaient jusqu' à 24 h de queue pour les vénérer et se prosterner devant elles.

Lors de sa visite en Russie, M. Andonis Samaras a déclaré : « Voici la foi orthodoxe qui trouve la nécessité d'une élévation spirituelle, donnant droit au peuple simple de s'appuyer sur elle, pour avoir la force de cette édification spirituelle qui est nécessaire afin de sortir de la crise plus facilement, et en douceur ».

Père Théodore