mercredi 1 décembre 2010

Le préservatif... et l'Eglise

                                                        
Une journée d’étude et de réflexion des cardinaux autour du Pape s’est terminée par une tourmente médiatique centrée sur le préservatif. Les Italiens s’intéressent à une possible démission de Benoît XVI, et en cela, le sujet du préservatif reste l’un des favoris de la presse. Le Pape, à travers son âge et sa très lourde charge, ira-t-il jusqu’au bout de sa mission ecclésiastique? Il faut dire que ce Pape veut être celui de la réconciliation avec les autres Eglises chrétiennes. En ce qui concerne l’Occident, il veut résister à la dégradation de l’homme. Il ne veut pas non plus être juste un témoin de l’Evangile, mais un artisan modeste pensant au progrès, sachant que certains bloquent le dialogue. Mais réduire l’Evangile et la foi au préservatif relève d’un tour de passe-passe étourdissant. Plusieurs fois le Saint-Père a répété les paroles libératrices de Jésus : « c’est la foi pour l’homme et non l’inverse ».
C’est un acte de charité, de l’économie, sans toucher l’absolu de l’Eglise, son éthique. Il se réfère à un acte de bonté, le changer de contagion. Il se préoccupe de la crise de la foi, de la pauvreté, de la chasteté et de l’obéissance des ordres religieux.
Le problème pour l’Eglise n’est pas le préservatif, mais la préservation de la vie qui, pour ceux qui y croient, est un don de Dieu à ne pas perdre. Le point crucial est le désordre sexuel, et non le préservatif. L’Eglise encourage la fidélité pour les personnes sexuellement actives. D’éminents scientifiques s’accordent sur le fait que la fidélité est la principale stratégie de prévention des épidémies. Le Saint-Père souhaite que le monde ait une foi colorée, un « christianisme en technicolor », plein de fleurs, de mangeailles et de fêtes.
Le Patriarcat de Moscou est solidaire avec la position du Pape sur les moyens de lutter contre le SIDA, et sur le fait que les préservatifs ne peuvent pas être considérés comme un remède contre cette maladie. « Il est faux de considérer les préservatifs comme un moyen d’enrayer la propagation du SIDA », a déclaré l’archiprêtre Tchapline, vice-président du département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou. Pour lui, il faut une éducation juste et un mode de vie raisonnable : la propagation du SIDA ne peut être arrêtée que par une éducation éthique de la population concernée et non par le recours aux préservatifs. Certaines organisations tentent actuellement de préserver à la fois l’idéal de la liberté sexuelle et la lutte contre cette maladie ; or il est impossible de réconcilier ces deux choses. L’Eglise Orthodoxe Russe fait la différence entre l’avortement et les moyens de contraception ; en cas d’utilisation de moyens de protection qui ne sont pas abortifs, un prêtre peut faire preuve d’indulgence  envers ses ouailles. Cela ne signifie pas que l’Eglise orthodoxe approuve le refus égoïste du couple à mettre au monde un enfant.
Dans son ouvrage intitulé « Lumière du monde », le Pape a admis pour la première fois que l’utilisation du préservatif dans certains cas peut réduire les risques de contamination du virus du SIDA.
Quoi qu’il en soit, l’appel lancé aux communautés chrétiennes à exorciser les peurs  et à tout faire pour vaincre l’isolement des malades du SIDA traduit une volonté d’engagement beaucoup plus nette, plus humaine.

Père Théodore

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