La douleur est un phénomène général et son spectre couvre malheureusement toutes les époques et tous les hommes. Aucun être humain n'a passé sa vie sur terre sans endurer une douleur : la maladie dévore l'organisme corporel d'un membre tandis qu'en même temps, elle afflige les âmes de son entourage ; la pauvreté et le chômage apportent perplexité et désespoir ; la haine et la discorde ne laissent jamais "le pain doux" ; la calomnie et l'injustice souillent la considération et nuisent aux innocents. Selon un dicton, "la vie ressemble à une lyre à sept cordes, dont six jouent la tristesse et une seule la joie".
La douleur la plus terrible que l'âme peut endurer est sans doute la perte d'un être cher. Cette douleur, tout le monde, à tour de rôle, la supporte. On ressent un besoin sensible que les autres viennent auprès de nous pour compatir, montrer leur sympathie, et alléger notre peine. D'ailleurs, depuis toujours les humains expriment des condoléances de façon philanthropique et fraternelle. Parfois, certains ne savent pas très bien consoler les autres. Ils posent des questions fades qui rouvrent les plaies plutôt que de les soulager.
La consolation pour ceux qui sont en deuil est peut-être la relation sociale la plus fine. Nous devons faire très attention à nos paroles et à notre comportement. Nous faisons une erreur lorsque nous disons "ne pleure pas", et parfois nous prenons une position dure, parce que l'autre n’arrive pas à retenir ses larmes.
On entend à ce sujet de nombreux proverbes et citations: « les larmes sont la douleur de l'âme qui s'humidifie » ; "jamais de feu n'a été allumé dans le fond de mon cœur qu'une larme n’ait pu éteindre" ; ou encore "ô mes larmes cessez, cessez! Je vous aime, car vous, uniquement, êtes restées dans ma vie. Si même vous n'étiez pas là, moi je ne serais pas là..." Aussi, au lieu de dire "ne pleure pas", vaut-il mieux que « nous pleurions avec ceux qui pleurent », comme disait Saint Paul (Rom.12, 15). Nous devons partager avec les autres leur tristesse et leurs larmes : "souffre avec les souffrants et pleure avec les pleurants", préconisait Saint Basile. Les larmes des autres, c'est peut-être ce qu'il y a de plus sacré que nous puissions offrir à l'autel de l'amour. L'histoire du monde ne s'est pas arrêtée à la croix du Golgotha ; par la tombe vide, c'est la Résurrection et la vie qui jaillissent.
Seigneur, si c'est Ta volonté que je souffre, alors apprends-moi comment supporter et avec la douleur, donne-moi la force de la supporter.
Seigneur, prends notre main et notre cœur, et conduis-nous loin de la tempête de la douleur, dans une vie joyeuse et paisible!
« Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux » (Apocalypse 21, 4) : c'est la voie de l'éternité!
Père Théodore