D’après les Ecritures, le jour de la Pentecôte se produisit "un grand bruit" venu du ciel, tel un "violent coup de vent", qui s’interprète comme la manifestation symbolique de la présence de Dieu, de la venue de l'Esprit, mais aussi le retour de la théophanie du Sinaï commémorée par la fête juive.
Par ailleurs, ce jour est synonyme du don des langues reçus par les saints apôtres et disciples pour annoncer et propager la Bonne Nouvelle de l'Evangile à tous les hommes, toutes nations confondues. Elle fait écho à l'épisode de la Tour de Babel : les nations divisées se retrouvent en effet unis lors des apparitions de l'Esprit.
Dans l’iconographie orientale, le thème de la Pentecôte est illustré majoritairement à travers sa signification doctrinale, et non à travers l’évocation fournie par les Actes des Apôtres. En haut de l'icône figure un demi-cercle symbolisant le ciel d'où partent des rayons de lumière ou de feu.
Les peintures de la Pentecôte en Occident diffèrent de ce point de vue, les rayons de lumière et les langues de feu étant issus le plus souvent d'une colombe qui symbolise l'Esprit. De cette façon, elles soulignent le lien entre la venue de l'Esprit le jour de la Pentecôte et celle du jour du baptême du Christ. Ce rapprochement n’existe pas dans l’iconographie orthodoxe. Parfois la colombe est remplacée par la main de Dieu et, dans ce cas, les rayons de feu de l'Esprit proviennent des doigts écartés. Ce n’est qu’à partir du XVe siècle que le Père et le Fils sont représentés dans un nuage lumineux au-dessus de la Vierge et des Apôtres.
A l’inverse, dans les peintures occidentales n’apparaît pas, comme dans toutes les icônes, la place vacante du Christ. Dès le XIIe siècle, Pierre est au centre des Apôtres ; puis c’est la Vierge Marie qui occupe cette position centrale à partir du XIVe. La peinture occidentale ne montre pas ce monde obscur en attente du salut : elle met plutôt l’accent sur la valeur de la venue de l'Esprit sur l'Eglise aux dépens de la mission d'évangélisation privilégiée par les iconographes orthodoxes.
La venue de l’Esprit Saint dans l'âme comme une flamme et une force est donc la métaphore d’une conversion, celle qui inscrit l'union de l’homme avec Dieu dans la durée. Noël, Pâques et la Pentecôte correspondent tous trois à un jour de conversion. C’est pourquoi il est bon de ne jamais perdre de vue quelques grâces, quelques possibilités que chaque Pentecôte nous apporte.
Père Théodore