III.1. Les premiers prêtres de la paroisse (1954-1972)
À partir de 1954, l’archevêché de Londres envoya un prêtre à demeure pour l’Association Saint Nicolas. Devant l’arrivée d’une troisième vague migratoire de Grecs en provenance des pays du Maghreb (familles Nicolaou, Tsevdos, Kokolakis, Keramidas, etc.) dans les années 50-60, qui vit la communauté hellénique de Bordeaux s’accroître considérablement, les prêtres orthodoxes de la métropole furent de plus en plus sollicités. Plusieurs familles décidèrent de rémunérer, par leurs propres moyens, le prêtre pour ne pas toucher aux fonds mis en réserve qui servirent plus tard à financer la construction de l’église. À ses origines donc, économiquement parlant, la paroisse orthodoxe grecque de Bordeaux n’était pas autosuffisante. C’est pourquoi les premiers prêtres ne restaient pas longtemps (en moyenne 3 à 6 mois), à l’exception du père Stavros Georganas, qui assuma sa fonction de recteur à Bordeaux pendant quatre années. Sa demeure principale cependant se trouvait à Bazas, où il résidait chez ses propres amis, originaires tous de Djibouti. Son âge avancé limita ses capacités d’action : notamment, il n’assurait pas l'enseignement de la langue grecque et les infrastructures de l’église étaient quasiment laissées à l’abandon.
(Le père Stavros Georganas célébrant un mariage mixte)
(Le père Stavros Georganas à gauche, Jacques Ibanez à droite)
Voici une liste des principaux prêtres qui ont servi l'Eglise, établie d’après les archives que nous possédons:
03/04/1954 : Père Jacques PAVLOU
? / ? /1954 : Père Philippeos ?
30/11/1958 : Père Théoklétos MICHALAS
15/04/1963 : Père Prokopios KOKLAS
15/08/1964 : Père Constantin CHARISSIADIS
31/01/1965 : Père Cheroubim SAVRAKOS
?/ ? /1967 : Père Damaskinos MICHALAS
06/10/1968 - ? /? /1972 : Père Stavros GEORGANAS
? / 08/1972 : Père Andreas PHYRILLAS
17/10/1972 - Présent : Père Théodore PAPANICOLAOU
(ci-dessus : photos de prêtres de passage venus pour célébrer des mariages grecs)
Leurs noms apparaissent tous succinctement dans le registre des baptêmes, ainsi que dans celui des mariages. La plupart étaient des prêtres de passage, venant de Paris ou de Marseille, ou des étudiants en théologie, tout juste sortis du séminaire, et envoyés par la Métropole grecque de Paris pour desservir temporairement l’église orthodoxe de Bordeaux. Certains furent ordonnés par la suite évêques, surtout en Grèce, à l’instar de Mgr. Irénée en Crète et de Mgr. Constantin Charissiadis, évêque de Derkon. Mais, de manière générale, les archives de l’église ne révèlent que peu d’informations et de traces matérielles de leur service au sein de la paroisse.
III. 2. L’œuvre du père Théodore, actuel recteur de l’Eglise Grecque de Bordeaux (1972-présent)
(Le Père Théodore Papanicolaou, célébrant un baptême ; photo datée de mars 1976)
Au mois d’octobre1972, le père Théodore Papanicolaou, alors âgé de 25 ans, arriva à avec son épouse à Bordeaux, dans une communauté grecque en pleine décomposition. A la différence des autres prêtres, son esprit lui imposa une volonté inexplicable de rester et d’œuvrer, dans tous les sens du terme, pour ressouder la communauté grecque de Bordeaux autour de son noyau principal : l’église. Mgr Mélétios contacta, dans un premier temps, le ministère grec de l’éducation nationale pour modifier la loi en vigueur à l’époque, de façon à permettre de nommer le père Théodore comme enseignant de la paroisse grecque, ayant suivi une formation parallèle aux métiers de prêtre et d’instituteur. Sa titularisation ne s’officialisa qu’au mois de mars de 1980 et, pendant huit années, seule une modeste indemnisation par le Ministère de l'Enseignement grec lui permettait de rester et d’organiser la communauté grecque de Bordeaux. Par la suite, l'Archevêché lui confia un vaste domaine de juridiction, qui s’étendait de Nantes à Toulouse, en passant par La Rochelle, Montauban et Agen.
(Le père Théodore, célébrant un mariage à Nantes ; photo datée de 1975)
A son arrivée, le petit presbytère derrière l’église, longtemps abandonné, était dans un état d’insalubrité qui le rendait inhabitable. Grâce aux travaux et à l’aide des couples Tsevdos, Combes et Kokonis, secondés par les familles Théodoridès, Polidès, Cocolakis et Corfias, le père Théodore et son épouse purent s’installer l’année suivante.
(Le père Théodore Papanicolaou, devant l’ancien presbytère de l’église orthodoxe de Bordeaux ; photo datée de 1977)
Le presbytère s’agrandit progressivement en se dotant de nouvelles pièces et notamment d’un bureau confessionnel indispensable pour le prêtre.
(le bureau confessionnel aujourd’hui)
L’église, de son côté, était pareillement en mauvais état.
(l’église recouverte de lierre et de roses : photo datée du mois de juin 1986)
Des étudiants prirent l’initiative de repeindre la chapelle, et d’autres se procurèrent des icônes en provenance de Thessalonique pour combler le vide ornemental de l’intérieur du sanctuaire. Les améliorations apportées aux infrastructures de l’église furent principalement le fruit de nombreuses donations et de l’action productive du bénévolat. L’affluence des fidèles à la messe fut croissante.
En 1985, l'Etat français mit en vente la maison mitoyenne du 276 rue du Jardin Public, suite au décès de sa propriétaire. L’église grecque de Bordeaux en fit l’acquisition grâce aux fonds trouvés par le père Théodore et les dons généreux de certains de ses fidèles : un travail herculéen pour réunir la somme nécessaire à l’achat en moins de six mois. Après de nombreux travaux de rénovation, cette demeure devint officiellement le nouveau presbytère de l’église, qui est aussi le meilleur de la Métropole Grecque-Orthodoxe de France[1].
(Photo du nouveau presbytère)
L'ancien presbytère fut transformé en école élémentaire pour le grec moderne et le catéchisme orthodoxe, en salle de réunion, et le rite des agapes fut institué après la messe, les baptêmes et les mariages. La salle de l'école fut équipée grâce aux dons de plusieurs établissements scolaires de la ville de Bordeaux.
(la salle d’école primaire du grec moderne et du catéchisme orthodoxe, aujourd’hui fermée)
Un grand nombre de jeunes enfants de la communauté grecque assistaient aux cours, et l’école reçut les félicitations de l’inspecteur de l’enseignement du grec moderne à Paris, en 1986.
Les activités du père Théodore dépassaient largement le cadre de sa paroisse. Instigateur de plusieurs jumelages franco-helléniques (Le Haillan-Kalambaka, Talence-Trikala, Langoiran-Fiki), il œuvra pour diffuser le philhellénisme dans l’agglomération bordelaise et la francophilie en Grèce, devenant ainsi vice-président des Grecs de la diaspora de Thessalie.
(délégation de l'académie des sports de Trikala en visite au campus de l'université Bordeaux-Montaigne dans le cadre du jumelage avec Talence)
Cette réussite, reconnue par l’Etat français, fut couronnée par une décoration rarement décernée à un prêtre : l’ordre national du mérite, remise le 14 février 2011, des mains du Maire de Bordeaux, M. Alain Juppé, au nom du Président de la République Française.
(Père Théodore Papanicolaou, décoré de la médaille de l’Ordre National du Mérite, le 14 février 2011)
Un honneur précédé par d’autres distinctions de la part du Patriarcat Œcuménique de Constantinople, de la Métropole Grecque-Orthodoxe de France, du Maire du Haillan, de Kalambaka, de Trikala, de Fiki, ainsi que du comité des Grecs de la Diaspora de Thessalie.