mercredi 29 juin 2011

La fête des Saints Protocoryphées Pierre et Paul, le 29 juin

 L’iconographie orthodoxe propose plusieurs représentations des saints Pierre et Paul :

_L’une d’entre elles – et sans doute la plus connue –, l’icône dite de « l’accolade » (« ασπασμός »), porte l’accent sur la "conciliarité" des deux coryphées et apôtres : lors du premier concile de l'Eglise à Jérusalem (en 48 ou 49), ils s'entrelacent dans un mouvement circulaire qui scelle l'unité de l'Eglise.



_Dans une autre, peinte dans le style de l'école de Jérusalem, les deux apôtres se tiennent dans une posture droite, à l’image des deux fondements de l'Eglise et portent tous deux une représentation miniature de l'Eglise indivise ; Saint Pierre tient les clés du royaume, tandis que Saint Paul porte l'épée « qui tranche la parole de la vérité » ou l'évangile selon les représentations ; le Christ, figuré, les bénit du ciel avec ses deux mains, geste signifiant l’importance de la conciliarité dans la primauté de l'Eglise Orthodoxe.



 Les hymnes dédiés à cette fête louent les deux apôtres en tant que coryphées, premiers parmi les apôtres. Indépendamment de la nature de chacun, ils collaborent ensemble au tracé des grandes lignes directrices de la foi.

L’histoire de l’apôtre Pierre est bien connue : en signe de sa vocation et dévotion inédites au sein de la communauté « protochrétienne », le Christ en personne lui donna son nouveau nom (Jn1, 42) : « devenir un roc qui affermit ses frères dans la foi (Lc 22,32) », telle est la signification que lui confère l’onomastique biblique. Pierre connut l’emprisonnement, puis la délivrance suite à une angélophanie (Ac 5, 19). Son exécution eut lieu lors du règne sanglant de Néron. La tradition indique que sa dernière volonté fut d’être crucifié à l’envers, c’est-à-dire la tête en bas, se sentant indigne de mourir de la même manière que son Seigneur.

Paul de Tarse connut un parcours apostolique bien différent : persécuteur acharné des disciples du Christ à l’origine, il fut notamment témoin de la lapidation d'Etienne (Ac7, v 58). Puis la théophanie du Christ sur le chemin de Damas le rendit aveugle. Finalement il guérit de sa cécité après qu'Ananias, averti par le Seigneur, lui imposa les mains. Il fut baptisé et prêcha la parole de Jésus jusqu’à son martyr qu’il subit à Rome en 68.  

L'alliance entre Pierre et Paul est immortalisée sur des verres à fond d'or retrouvés dans les catacombes romaines. Bien qu’ayant l’un l’autre des pensées diamétralement opposées au début de leur ministère, l’entrelacement des deux apôtres représenté sur les icônes témoigne d’un fort sentiment de paix et d’unité retrouvée (ce qui n’empêche pas Paul d’affronter son condisciple lorsque Képhas (nom araméen de Pierre) vient dans son tort (Gal 2,11)). Le tabou fut brisé pour que l'Eglise devienne universelle et prenne ses distances du judaïsme. Paul prêcha le Christ crucifié, et de nombreux païens embrassèrent la cause et les doctrines chrétiennes. Il figure aux côtés de Pierre sur l'icône de la Pentecôte, alors même qu’il n’est pas encore membre du corps apostolique. Pierre embrasse alors Paul en disant: « Paul, mon frère! »

Les deux piliers de l'Eglise universelle demeurent encore aujourd’hui nos guides dans la recherche de l'unité. Les deux Eglises Orthodoxe et Catholique ont adapté et mis en application la morale de ces icônes, et c’est ainsi que le 29 juin, une délégation du Patriarcat Œcuménique, conduite par notre métropolite Mgr Emmanuel, se rendra au siège du Vatican,  étant donné que Pierre est l'apôtre par excellence de l'église-soeur latine.

Que le Seigneur, par l'intercession des saints apôtres Pierre et Paul, veille à ce que le dialogue œcuménique progresse afin que, oubliant les erreurs du passé et éludant les divergences et les querelles dogmatiques, les croyants de toutes confessions confondues puissent atteindre ensemble la pleine unité, qui n’est autre que la volonté de notre Seigneur Jésus Christ, fils de Dieu!

Père Théodore

mercredi 22 juin 2011

La douleur et sa consolation

                                                                           
La douleur est un phénomène général et son spectre couvre malheureusement toutes les époques et tous les hommes. Aucun être humain n'a passé sa vie sur terre sans endurer une douleur : la maladie dévore l'organisme corporel d'un membre tandis qu'en même temps, elle afflige les âmes de son entourage ; la pauvreté et le chômage apportent perplexité et désespoir ; la haine et la discorde ne laissent jamais "le pain doux" ; la calomnie et l'injustice souillent la considération et nuisent aux innocents. Selon un dicton, "la vie ressemble à une lyre à sept cordes, dont six jouent la tristesse et une seule la joie".

La douleur la plus terrible que l'âme peut endurer est sans doute la perte d'un être cher. Cette douleur, tout le monde, à tour de rôle, la supporte. On ressent un besoin sensible que les autres viennent auprès de nous pour compatir, montrer leur sympathie, et alléger notre peine. D'ailleurs, depuis toujours les humains expriment des condoléances de façon philanthropique et fraternelle. Parfois, certains ne savent pas très bien consoler les autres. Ils posent des questions fades qui rouvrent les plaies plutôt que de les soulager.

La consolation pour ceux qui sont en deuil est peut-être la relation sociale la plus fine. Nous devons faire très attention à nos paroles et à notre comportement. Nous faisons une erreur lorsque nous disons "ne pleure pas", et parfois nous prenons une position dure, parce que l'autre n’arrive pas à retenir ses larmes.

On entend à ce sujet de nombreux proverbes et citations: « les larmes sont la douleur de l'âme qui s'humidifie » ; "jamais de feu n'a été allumé dans le fond de mon cœur qu'une  larme n’ait pu éteindre" ; ou encore "ô mes larmes cessez, cessez! Je vous aime, car vous, uniquement, êtes restées dans ma vie. Si même vous n'étiez pas là, moi je ne serais pas là..." Aussi, au lieu de dire "ne pleure pas", vaut-il mieux que « nous pleurions avec ceux qui pleurent », comme disait Saint Paul (Rom.12, 15). Nous devons partager avec les autres leur tristesse et leurs larmes : "souffre avec les souffrants et pleure avec les pleurants", préconisait Saint Basile. Les larmes des autres, c'est peut-être ce qu'il y a de plus sacré que nous puissions offrir à l'autel de l'amour. L'histoire du monde ne s'est pas arrêtée à la croix du Golgotha ; par la tombe vide, c'est la Résurrection et la vie qui jaillissent.

Seigneur, si c'est Ta volonté que je souffre, alors apprends-moi comment supporter  et avec la douleur, donne-moi la force de la supporter.
Seigneur, prends notre main et notre cœur, et conduis-nous loin de la tempête de la douleur, dans une vie joyeuse et paisible!
« Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux » (Apocalypse 21, 4) : c'est la voie de l'éternité!

Père Théodore

dimanche 19 juin 2011

Fête du Fleuve à Bordeaux : "La Saga du Burdigala"


L'épave du paquebot BURDIGALA, le seul grand bateau qui a porté le nom du Bordeaux antique, a été retrouvée par les géologues de l'université de Patras et les plongeurs spécialisés de l'association Téthys. L'épave gît à 75 mètres de profondeur tout près de l'île de Kéa. Le bateau a été localisé en 2007 et a fait l'objet de fouilles en 2008 et 2010. A l'occasion de "Bordeaux fête le fleuve", les 18 et 19 juin 2011, une exposition était consacrée à l'histoire du navire et aux travaux de recherches engagés par les Grecs. L'hommage était donc rendu aux plongeurs. L'un d'entre eux, George Karélas, était présent sur le site et proposait une visite commentée des recherches engagées. Spécialiste de la plongée grande profondeur, il est également un producteur de vins important de la région de Patras.
Une fiche technique détaillée du Paquebot et de l'exposition qui lui est consacrée est consultable sur le site de la "Fête du Fleuve 2011 à Bordeaux":

Jean-Paul Vigneaud, 
Journaliste à "Sud Ouest"

mercredi 15 juin 2011

Le Dimanche de tous les Saints


Pour nos frères Catholiques la fête de tous les Saints a lieu le 1er novembre. A l’origine, elle fut dédiée à tous les martyrs et commença à être célébrée à Antioche au IVe siècle. Les autres Saints furent ajoutés progressivement ; un sermon de Saint Ephrem en l’honneur de cette fête, datant de 373, a été retrouvé de même qu’un second de Saint Jean Chrysostome de 407.

L'Eglise Orthodoxe honore les Saints dimanche prochain à travers leurs reliques, les icônes et les temples qui leur sont dédiés ; elle invoque leurs intercessions et leurs supplications. Saint Damascène dit qu'il faut honorer "les Saints comme amis du Christ, comme enfants et héritiers de Dieu".

 Les canons apostoliques ordonnent aux fidèles pendant les fêtes des jours des Apôtres et des Saints de ne pas travailler, mais de se rassembler dans les cimetières des martyrs pour leur offrir la divine liturgie.

Par définition, les Saints sont des personnes qui sont parvenus à la « théose » ou la déification : ils évitent le péché que signifie l'étant non naturel de l'âme, en s’efforçant de vivre d’après les prescriptions de la nature et de la volonté de Dieu, afin d’obtenir l'unité avec Dieu par l'Esprit Saint. C’est du Christ que les Saints reçurent leurs vertus ; ils dominèrent la chair, combattirent les démons et vécu Ses passions par les luttes et le martyre du sang et de la conscience. La force, vertu essentielle, est le mystère de la croix et de la résurrection ; elle permet, par la grâce, la proximité avec Dieu et Jésus qui se trouvent au sommet de la hiérarchie divine.

Les Saints font de l'Eglise "l'assemblée des premiers-nés qui sont inscrits dans les cieux" (Hébreu.12, 23). Ils représentent les excellents, les élus, les dignes d'adoption par Dieu, et qui, depuis le début de leur existence terrestre, ont été inscrits dans la Bible (Apoc.20, 12). Certains ont reçu différents attributs, comme les prophéties, le don d'enseigner la parole, les miracles ; seul le Christ avait la totalité des charismes : comme Dieu, il porte globalement l'Esprit Saint, " (…) car il donne l'Esprit sans mesure" (Jean 3,  34).

Les Saints sont nombreux, aussi la plupart sont inconnus ; seul Dieu les connaît tous. Saint Paul parle "d'une si grande nuée de témoins" (Héb.12, 1). Le prophète David écrit que Dieu se sent lié à ses serviteurs authentiques, qu’"Il fera la volonté des craintifs et [qu’] Il attendra leurs supplications". Celui qui honore les Saints honore ainsi Dieu, et celui qui les méprise méprise Dieu" (Luc 10, 16).

Les âmes de Saints se trouvent sous l'autel du ciel et sont récompensées avec un habit blanc" (Apoc.6, 9-11). Dans l’Evangile de Matthieu, Jésus atteste que « qui accueille un prophète en qualité de prophète recevra une récompense de prophète » (Matthieu10, 4).

Par l'intercession de nos Saints, Seigneur, prends pitié de nous ! Amen.

Père Théodore

mercredi 8 juin 2011

La signification du jour de la Pentecôte


D’après les Ecritures, le jour de la Pentecôte se produisit "un grand bruit" venu du ciel, tel un "violent coup de vent", qui s’interprète comme la manifestation symbolique de la présence de Dieu, de la venue de l'Esprit, mais aussi le retour de la théophanie du Sinaï commémorée par la fête juive.
Par ailleurs, ce jour est synonyme du don des langues reçus par les saints apôtres et disciples pour annoncer et propager la Bonne Nouvelle de l'Evangile à tous les hommes, toutes nations confondues. Elle fait écho à l'épisode de la Tour de Babel : les nations divisées se retrouvent en effet unis lors des apparitions de l'Esprit.
Dans l’iconographie orientale, le thème de la Pentecôte est illustré majoritairement à travers sa signification doctrinale, et non à travers l’évocation fournie par les Actes des Apôtres. En haut de l'icône figure un demi-cercle symbolisant le ciel d'où partent des rayons de lumière ou de feu.
Les peintures de la Pentecôte en Occident diffèrent de ce point de vue, les rayons de lumière et les langues de feu étant issus le plus souvent d'une colombe qui symbolise l'Esprit. De cette façon, elles soulignent le lien entre la venue de l'Esprit le jour de la Pentecôte et celle du jour du baptême du Christ. Ce rapprochement n’existe pas dans l’iconographie orthodoxe. Parfois la colombe est remplacée par la main de Dieu et, dans ce cas, les rayons de feu de l'Esprit proviennent des doigts écartés. Ce n’est qu’à partir du XVe siècle que le Père et le Fils sont représentés dans un nuage lumineux au-dessus de la Vierge et des Apôtres.
A l’inverse, dans les peintures occidentales n’apparaît pas, comme dans toutes les icônes, la place vacante du Christ. Dès le XIIe siècle, Pierre est au centre des Apôtres ; puis c’est la Vierge Marie qui occupe cette position centrale à partir du XIVe. La peinture occidentale ne montre pas ce monde obscur en attente du salut : elle met plutôt l’accent sur la valeur de la venue de l'Esprit sur l'Eglise aux dépens de la mission d'évangélisation privilégiée par les iconographes orthodoxes.
La venue de l’Esprit Saint dans l'âme comme une flamme et une force est donc la métaphore d’une conversion, celle qui inscrit l'union de l’homme avec Dieu dans la durée. Noël, Pâques et la Pentecôte correspondent tous trois à un jour de conversion. C’est pourquoi il est bon de ne jamais perdre de vue quelques grâces, quelques possibilités que chaque Pentecôte nous apporte.

Père Théodore