Nous vivons actuellement dans une vaste société urbaine, technique qui compose avec le pluralisme de ses croyances religieuses, le sécularisme de sa vision du monde, et où les chrétiens, – et notamment les Orthodoxes –, constituent une minorité insignifiante. Comment, dans ce contexte, être fidèle au Carême ? Pouvons-nous redécouvrir le ‘’bain’’ de repentance et de renouveau que le Carême est censé être ? En faire de nouveau une force spirituelle dans la réalité quotidienne de notre existence ?
Si le Carême a perdu progressivement de son influence sur nos vies, c’est que consciemment ou non, nous avons réduit la religion à un nominalisme et à un symbolisme superficiels, ce qui est précisément une façon de passer à côté et d’évincer le sérieux des exigences de la religion sur nos vies qui sont synonymes d’engagement et d’effort ; un appel spirituel qui demande une réponse, une décision, un plan, un effort continu. C’est la raison pour laquelle les semaines de préparation au Carême furent établies pour l’Eglise Orthodoxe, les cinq dimanches du pré-carême :
Dimanche de Zachée : le désir,
Dimanche du publicain et pharisien : l’humilité,
Dimanche du fils prodigue : le Retour d’exil,
Dimanche du carnaval : le Dernier jugement,
Dimanche du laitage : le pardon.
Nous devons méditer en fonction de notre vie, de notre situation familiale, des obligations professionnelles, de nos occupations matérielles et de notre relation aux êtres humains. En lisant le psaume 137, nous commençons à comprendre ce que signifie « sentir avec l’Eglise » et comment une période liturgique peut colorer la vie quotidienne. Le Carême est une occasion de changement, de renouveau, d’approfondissement. C’est pourquoi nous devons prendre cette occasion au sérieux.
Si donc le Carême est pour l’homme une redécouverte de sa foi, il est aussi pour lui une redécouverte de la vie, de son sens divin et de sa profondeur sacré. C’est en nous abstenant de la nourriture que nous redécouvrirons sa douceur et que nous réapprendrons à la recevoir de Dieu avec joie et gratitude. C’est en réduisant les divertissements et les conversations superficiels que nous redécouvrirons la valeur dernière des relations humaines, du travail de l’homme et de son art. Et ceci parce que nous redécouvrirons Dieu lui-même, parce que nous retournerons à lui, à tout ce qu’il nous a donné dans Sa miséricorde et Son amour infinis.
Père Théodore