jeudi 5 mai 2011

Le peuple a « canonisé » le pape Jean Paul II

                                                                  
La béatification du pape Jean Paul II, sujet d’actualité, est célébré, on le sait, comme une canonisation populaire : une béatification hors normes, d'un pape d'exception, « d'un pape planétaire qui a marqué l'histoire », pour reprendre le propos du Père Michel Kubler. Cependant des voix se sont élevées contre cette béatification, remettant en cause la rapidité avec laquelle le processus s’est effectué. Par comparaison, nous, les orthodoxes, n'avons pas le même système de la canonisation.
 
               Six ans après sa disparition, le monde évoque encore Jean-Paul II comme un pontificat qui a laissé son empreinte à l’histoire. Le souvenir de cette personnalité hors du commun a marqué les esprits non seulement par l'intensité de sa foi, mais aussi par le rôle majeur qu'il aura joué dans des conflits majeurs du XXe siècle. Jean-Paul II était un défenseur inébranlable de la dignité des hommes et des peuples, un inlassable pèlerin de la liberté. Par la seule force de son message, il a pu contribuer à renverser le monde de la guerre froide et à façonner notre siècle. Il a rendu la foi possible aux jeunes et a introduit l'Eglise dans le troisième millénaire. "N'ayez pas peur, ouvrez toutes grandes les portes au Christ", a-t-il formulé au cours de sa première messe solennelle sur la place St Pierre, paroles restées mémorables.

Lui-même a ouvert au Christ la société, la culture, les systèmes politiques et économiques en inversant, avec une force de géant, une tendance qui semblait pourtant  irréversible. Il a aidé les fidèles du monde entier à ne plus être des crypto-chrétiens, à savoir d’avoir peur d’avouer l’appartenance à sa confession, à l'Eglise, de parler de l'évangile. "L'homme, disait-il, est le chemin de l'Eglise, et le Christ est le chemin de l'homme", dans une existence personnelle et communautaire orientée vers le Christ, plénitude de l'homme et accomplissement de ses attentes, de justice et de paix.

 Et puis, il faut mentionner sa souffrance jusqu’aux instants ultimes de sa vie  : le Christ l'a dépouillé petit à petit, mais il est resté un roc ; comme Lui, il a voulu son union intime avec Dieu. Il a réalisé ainsi la vocation extraordinaire de tout prêtre et évêque, de ne plus faire qu'un avec le corps du Jésus Christ, qu'il reçoit et offre chaque jour dans l'Eucharistie. Et aussi il a voulu d'une certaine manière rappeler aux baptisés leur vocation à la sainteté.

Je terminerais en citant cette parole du défunt Saint Père :

"Si la parole n'a pas converti, ce sera le sang qui convertira" (déclaration qu’il fit lors des derniers jours de son agonie).

Père Théodore