samedi 2 avril 2011

Conférence du Père Théodore: "Les repères historiques de l'orthodoxie"


REPÈRES HISTORIQUES

Les origines :

L’Eglise naît vers l’an 30, au jour de la Pentecôte, à Jérusalem. Les apôtres, poussés par le souffle qui vient juste de les visiter, parlent de Jésus dans toutes les langues. Puis, des communautés de témoins se forment et se réunissent pour célébrer l’Eucharistie et annoncer la Résurrection du Christ. Bientôt, on en trouve à Jérusalem, Antioche, Alexandrie, puis dans tout le bassin méditerranéen. Orientale à sa naissance, l’Eglise devient de plus en plus « romaine ».

Cependant, au début du IVe siècle, l’Empereur CONSTANTIN déplace sa capitale et l’installe à Byzance qui s’appellera désormais CONSTANTINOPLE, et deviendra le centre culturel et spirituel de l’Orient Chrétien.


Dès lors se crée une certaine tension entre Rome et Constantinople. Rome garde une place d’honneur : « la présidence de l’amour », selon la formule d’Ignace d’Antioche (IIe siècle), à cause de la fondation de son Eglise par les apôtres Pierre et Paul. Mais cette primauté ne s’applique par à la gouvernance de toutes les Eglises, car les autres grandes villes (Constantinople, Jérusalem, Antioche, Alexandrie) sont, comme elle, à la tête d’un patriarcat (territoire sur lequel s’étend la juridiction de ces villes).

Les Conciles :

Le premier des conciles fut convoqué par l’Empereur Constantin, à NICEE, en 325. C’était une réunion aussi universelle que possible des évêques pour débattre des sujets épineux. Ce premier concile sera suivi d’un second, à Constantinople en 381. C’est là que sera instauré le symbole de foi commune à toute l’Eglise : le Credo

                                                        (Concile de Nicée)

En 431, à Ephèse, MARIE est proclamée Mère de Dieu.

                                                      (Concile d' Ephèse)                                                  
                                    
En 451, à Chalcédoine, est affirmée l’union des natures du Christ : humaine et divine.
Suivront trois autres conciles, toujours réunis en Orient. Les évêques, venant de toutes les régions de l’Empire, sont présents pour lutter contre les différentes hérésies qui risquent de disloquer l’Eglise. 
                                                    (Concile de Chalcédoine)

Ainsi s’est constituée, en 325 et 784, la colonne vertébrale de l’Eglise.


Les Grandes Figures :

Prenant le relais des apôtres et des martyrs, arrive la cohorte de ceux qu’on appelle les Pères de l’Eglise : évêques, moines, laïcs qui sont théologiens, pasteurs, mystiques et qui ont une immense influence sur la vie de l’Eglise et la réflexion théologique. Ils furent très nombreux entre le IIe et le IVe siècle.

Ignace d’Antioche (35- 107 ou 113)



« Il n’y a plus de feu en moi pour la matière, dit-il, il n’y a qu’une eau vive qui murmure au-dedans de moi et me dit : viens vers le Père ».

Irénée de Lyon (130-202)


Grec né en Asie et évêque de Lyon, il veille sur ses paroissiens vers tendresse : « Il n’est pas de Dieu sans bonté », dit-il. Et à propos de la Trinité et de sa relation à l’homme : « Le Père existe et commande, le Fils l’assiste et donne la forme, l’Esprit nourrit et accroît, et l’homme doucement progresse, c’est-à-dire se rapproche de Dieu ».

Clément d’Alexandrie (150-220)


« La foi est le germe, la connaissance est le fruit » a-t-il dit.

Athanase d’Alexandrie (298-373)


Enfant du peuple devenu évêque, il a combattu l’hérésie arienne.

Saint Jean Chrysostome (entre 344 et 349 – 407)



Il a élaboré la Liturgie communément chantée chaque dimanche ; c’est un orateur-né. « La prédication me guérit, dit-il, dès que j’ouvre la bouche pour vous parler, toute fatigue a disparu ».

L’Eglise orthodoxe vénère aussi les Pères latins : Hilaire de Poitiers, Ambroise de Milan, Augustin, etc. bien qu’ils aient eu moins d’importance pour la formation de sa pensée.


LE RÔLE DU PAPE

Pour un orthodoxe, le Pape, évêque de la ville de Rome, où sont morts le premier et le dernier des apôtres – Pierre et Paul de Tarse – a un rôle spécial. En effet, Jésus a demandé à Pierre seul « d’affermir ses frères dans la foi » et à Pierre seul Jésus a demandé : « Pierre, m’aimes-tu plus que ne m’aiment ceux-ci ? ».



Pour l’Orthodoxie, le service du premier évêque est « une présidence d’amour ». Son rôle se limite à être un centre de communion universelle. Il ne saurait être celui qui a « la plénitude totale du pouvoir suprême », comme l’affirme le dogme de l’infaillibilité du pape, défini en 1170.


L’AVENTURE DU FILIOQUE

Les communautés d’Orient et d’Occident se ressemblent, mais elles ont chacune leurs traditions, leur culture et leur spiritualité propres. Un jour, ces différences deviendront un fossé.

En effet, au début du XIe siècle, l’empereur CHARLEMAGNE surgit en Occident. Il veut affaiblir l’Empire d’Orient et pour cela n’hésite pas à utiliser la « guerre théologique ».



Voici les faits et leurs conséquences, très rapidement résumés :

En l’an 800, Charlemagne se fait couronner empereur par le pape Léon III. Pour combattre l’autorité de l’empereur d’Orient, il cherche à le faire passer pour hérétique. Il demande à ses théologiens d’introduire dans le Credo de Nicée-Constantinople, proclamé en 381, un petit mot : « filioque » (et du Fils). Le Credo en Occident va donc affirmer : « Je crois au Saint-Esprit, qui procède du Père et du Fils ».

Ce fait – qui est tout à la fois politique et théologique – va soulever l’Eglise d’Orient contre l’Eglise d’Occident, qui est tout naturellement rattachée au Patriarcat de Rome (le Pape). Cet apport va ruiner l’unité de la foi : il va donner un pouvoir unilatéral à Rome qui ne sera plus le témoin de l’unité de la foi de tous les chrétiens, mais chef d’une portion de l’Eglise. 



La rupture s’opérera entre 1054 et 1204 : c’est le Schisme. L’Eglise Catholique affirme que c’est l’Eglise Orthodoxe qui s’est séparée. L’Eglise Orthodoxe soutient à l’inverse que c’est l’Eglise latine qui a quitté le bercail universel.

En fait, qu’y a-t-il de si important pour l’Orthodoxie dans la présence ou l’absence du « Filioque » ? 

                                                        
D’abord, l’Eglise d’Orient n’accepte pas cette formule parce qu’elle a modifié la définition d’un concile de l’Eglise universelle. Il est impensable, pour elle, de gommer ou de transformer l’expression d’un concile œcuménique. Une phrase dogmatique peu claire ou difficile pour la raison n’a pas à être ignorée ou aménagée. C’est une invitation d’un concile à approfondir ce qu’il tente de nous dire de Dieu.

Les chrétiens orthodoxes sont aussi en désaccord avec l’Eglise latine sur sa façon de concevoir les relations entre les personnes de la Trinité. A cette époque, les occidentaux sont très marqués par la philosophie de Platon, qui établit une parenté entre notre intelligence et le divin. On dirait, par exemple, que l’amour humain procède de la connaissance (on connaît quelqu’un, puis on l’aime). Par analogie, on en viendrait à dire que l’Esprit d’amour procède du Verbe intelligent. On déchiffre Dieu à partir de l’homme ! Les chrétiens orthodoxes ont une autre approche de ce mystère. Pour eux, la personne de l’Esprit n’est pas subordonnée à celle du Fils : il y a entre eux un mutuel service. La révélation de la Trinité éclaire l’homme sur lui-même et sur sa vie et, en contemplant la Trinité, nous découvrons que Dieu est à la fois « Unité et Trinité », alors que nous, hommes, nous ne savons que confondre, ou opposer ou encore faire dépendre. Mais ce n’est pas tout…

                                   (Icône orthodoxe de la Sainte Trinité - Aghia Triada)

Si les chrétiens orthodoxes tiennent à affirmer que « la vie divine procède du Père, par le Fils, dans l’Esprit Saint », ils tiennent à souligner que la personne de l’Esprit n’est pas subordonnée à celle du Fils, mais qu’il y a entre elles un mutuel service ; c’est parce que cela a des conséquences importantes pour la vie de l’Eglise.

Pour les orthodoxes, en effet, si l’Esprit Saint dépend du Fils, du Christ, il va, dans l’église, dépendre aussi du « Vicaire du Christ », c’est-à-dire du Pape. L’Eglise est une Pentecôte confirmée où chacun a son mot à dire, dans l’Esprit, en sa propre langue. L’Esprit Saint repose sur chaque croyant, et chaque croyance, en communion avec les autres, est « porteur de l’Esprit » qui fait de lui un roi, un prêtre et un prophète, dans l’unité de l’Eglise. Chaque croyant a donc son ou ses charismes accordé(s) par l’Esprit Saint, les laïcs comme les prêtres. Aussi les théologiens laïcs ont-ils la parole tout comme les théologiens prêtres.

Et le lien qui unit le peuple chrétien et les évêques n’est pas un lien de dépendance ou de soumission, mais de coopération. De la multiplicité des partitions que sont les Eglises locales naît une symphonie dont la dernière note, le dernier mot, appartient au Saint Esprit.


COMMENT FONCTIONNE LE PATRIARCAT ŒCUMÉNIQUE ?


                                  
Le Patriarche est inséparable du Saint Synode, composé de douze métropolites (évêques). Le Patriarcat est gouverné conjointement par le Saint Synode et le patriarche pour souligner l’aspect collégial de la primauté. Toute décision est prise par le Patriarche en son synode. C’est le Patriarche qui élabore et présente l’ordre du jour, de sorte que le synode n’aborde que les questions que lui soumet le primat. Mais la décision est prise à la majorité, et le Patriarche ne vote pas, sauf cas où les voix se divisent à égalité. 

Le Patriarche œcuménique dispose théologiquement d’un droit d’appel dans l’ensemble de l’Eglise. C’est lui qui convoque et qui préside les conférences panorthodoxes.


UNE ÉGLISE COLLÉGIALE

Le siège du Patriarcat de Rome était aimé. C’est là qu’étaient morts Pierre et Paul. D’instinct, par affection, le monde chrétien lui reconnaissait la première place, la place d’honneur. Tous les évêques sont égaux entre eux, tous les patriarcats le sont aussi, mais Rome est le symbole de la résurrection, de l’éternité.


Mais, peu à peu, celle qui était l’héritière de Pierre voulut imposer sa manière de penser à tous les chrétiens. Cette façon de faire allait à l’opposé de la Tradition au sein de l’Eglise où le pouvoir était partagé entre des Eglises égales entre elles. 

On vit croître en Occident une Eglise de plus en plus forte, avec un seul chef, successeur de Pierre. Au cours des siècles, il ne nommera en Occident aucun patriarcat. Lui seul prendra les décisions, lui sera appelé « Pape ». Peu à peu, il deviendra le dépositaire unique de la Foi. Lui seul pourra nommer les évêques de toute la Chrétienté occidentale Catholique. La direction de l’Eglise en Occident prend une allure de monarchie. Un seul gouverne, un seul décide. Il sera plus tard déclaré infaillible.

Dans l’Eglise d’Orient, et cela depuis sa fondation au premier siècle, la conception du « pouvoir » est tout autre. D’ailleurs, n’est-ce pas en Grèce qu’est née la démocratie ? C’est sur ce type de « gouvernement » que l’Eglise orthodoxe prend modèle. Le pouvoir y est partagé entre tous les évêques égaux entre eux. Chaque Eglise locale – qui se confond souvent avec l’Eglise nationale (grecque, russe, bulgare, etc.) – est autocéphale ou, si l’on préfère, indépendante. D’où une décentralisation du pouvoir. Chaque Eglise a la possibilité d’élire son chef. Celui-ci, avec son synode, choisit ses évêques et son clergé. 

(Les cinq patriarcats)

Dans l’Eglise ancienne, le candidat le plus digne de l’épiscopat était aussi élu par le peuple. Cette élection existe toujours à Chypre et dans le Patriarcat d’Antioche. Aucune référence à une autorité supérieure n’est requise.

Une hiérarchie d’honneur ou de conseil harmonise les relations et la vie religieuse de ces communautés qui se rendent visite et s’informent régulièrement.

A la tête, une présidence d’honneur est confiée au Patriarche de Constantinople, que l’on appelle, de ce fait, Patriarche Œcuménique. Puis, succédant aux apôtres qui ont fondé des Eglises, nous rencontrons les Patriarcats d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem. Celui de Moscou est plus récent.

(Le Saint Synode au Phanar)

La primauté du patriarcat œcuménique de Constantinople n’est pas placée sous le signe de l’autorité, mais sous celui du service.

C’est ainsi que les orthodoxes conçoivent le « pouvoir » dans l’Eglise : servir et non contraindre. C’est là l’ouverture possible dans le dialogue œcuménique : l’évêque de Rome, successeur de Pierre, Président d’honneur des Eglises, au service de toutes et signe d’unité.


LA VIE SPIRITUELLE

Les églises byzantines frappent l’étranger d’abord par la petitesse de leur dimension. Ensuite par leur aménagement. Ceux qui visitent les églises orthodoxes sont souvent captivés par leur lumière et leur chaleur, par une certaine intimité, familiarité avec le Céleste. C’est que, même en dehors des offices, chaque point des murs est animé de présences dont témoignent les icônes et qui mettent l’homme en communion avec ses aînés : anges, prophètes, apôtres, martyrs et saints. L’homme se sent spontanément, naturellement en visite chez Dieu, entouré des amis de Dieu.

(Basilique Sainte Sophie à Constantinople (Istanbul))

A travers les millénaires ou simplement le temps de l’adolescence d’un homme, la liturgie agit avec une grande puissance formatrice du type humain.

Les icônes, les offices et les rites qui pénètrent tous les détails de la vie quotidienne depuis la naissance jusqu’à la mort, rendent la Bible, Parole de Dieu, prodigieusement vivante et le Ciel tout proche, intime, presque palpable. Ainsi, lors des Vêpres, la Bénédiction de l’huile, du vin et du blé, espèces représentatives de la nature, sanctifie le principe même de la fécondité de la terre – alma mater – et enseigne à l’homme que la terre qu’il travaille est sainte, que les produits qu’il retire des profondeurs de l’humus ne sont pas seulement des agrégats chimiques, mais un présent vivant qui participe au mystère liturgique, et que même la fécondité de la terre est en rapport direct non seulement avec les engrais et les saisons, mais aussi avec la spiritualité de l’homme.

Les Eglises orthodoxes sont divisées en trois parties :

                                       (Plan type d'une église orthodoxe)
                                    
Le sanctuaire : c’est là où se déroule mystère de l’Eucharistie, à l’abri des regards.



L’iconostase sépare l’église en deux. C’est une cloison couverte d’icônes, ayant  
 trois ouvertures, une centrale et une de chaque côté : ce sont les « portes ». Un
visage du Christ, la scène de l’Annonciation et l’icône de Jean-Baptiste y figurent
obligatoirement.
 



La Nef : Elle accueille les fidèles, les visiteurs. C’est là que sont distribués les
sacrements.


La Coupole symbolise le ciel. Là domine le Christ Tout-Puissant. Sur les murs, des fresques ou des icônes rendent présents les scènes des évangiles, les apôtres et les saints.



LA VIERGE MARIE


Elle est la sainte la plus fêtée dans l’Eglise Orthodoxe. Nombre de monastères et d’églises lui sont dédiés. Marie, la Mère de Dieu, est celle qui a accepté de dire : « Oui, je veux bien que se réalise en moi l’incompréhension pour les humains ».

La fête de la Dormition (l’Assomption des Catholiques) est célébrée comme une Pâque, précédée d’un jeûne de quinze jours, car selon la tradition, Marie est tout de suite passée de la vie terrestre à la vie éternelle.


LA LITURGIE

L’Orthodoxie trouve la source de sa vie spirituelle dans la liturgie. Chaque baptisé est invité à participer aux mystères de la vie, de la mort et de la résurrection du Christ.



Les fidèles sont debout, car ils sont des ressuscités. Ils ne pourraient d’ailleurs pas s’asseoir, car les chaises sont rares. Tout leur corps participe à la célébration. Avec familiarité et respect, ils sont libres de leurs attitudes : à genoux, debout, courbés, ils se signent quand ils veulent, allument leur bougie, embrassent les icônes comme ils le désirent, etc. C’est ainsi qu’ils disent leur intimité avec Dieu et leur sens du mystère, car Dieu devenu pain et vin demeure inconnaissable.
   

La foi est rencontre personnelle avec le Christ. Chaque chrétien est invité à l’approfondir. La liturgie est le lien privilégié de cette expérience qui place l’homme devant l’infini. Dieu s’est volontairement réduit à devenir pain et vin pour pouvoir être absorbé par les hommes et leur communiquer ainsi le feu divin.

La célébration de la Sainte Liturgie est principalement structurée autour de l’imploration de la descente du Saint-Esprit sur le pain et le vin pour les transformer en corps et sang du Christ, et sur les fidèles pour qu’ils découvrent le pardon des péchés et reçoivent le Saint Esprit afin d’être unis les uns les autres.

Là, le peuple devient Eglise et c’est une Pentecôte renouvelée. Les fidèles et le prêtre communient sous les deux espèces. A la fin de la liturgie, on distribue à tous les fidèles, orthodoxes et non orthodoxes, un morceau de pain non consacré, qui est signe de participation, de partage avec tous ceux qui n’ont pas pu communier et que l’on porte aux malades ou à ceux qui ont été retenus à la maison.



LES ICÔNES

Les icônes et l’iconostase matérialisent, en quelque sorte, l’Eglise d’en Haut, du « Ciel » qui s’unit à celle d’en Bas, de la terre. Elles sont des sermons silencieux tout comme les vitraux des Cathédrales d’Occident.

L’icône fondamentale, c’est l’image de Dieu qui s’est fait homme. Disons, pour simplifier, que l’on représente la personne de Jésus Christ dans son humanité déifiée. L’icône est l’image visible de l’invisible. 

         

Afin que toute maison soit un sanctuaire, chaque famille orthodoxe a ses icônes. Devant elles une lampe à huile brûle jour et nuit. Installées ainsi à la maison, elles prédisposent à l’intimité avec Dieu. Il faudrait accepter d’être regardé par l’icône, pouvoir soutenir son regard. Le Seigneur est là ; moi aussi.


LE BAPTÊME

Baptême, premier sacrement, signifie « plongeon ». Les orthodoxes ont gardé, dans leurs rites, la signification exacte de ce mot. Le prêtre plonge trois fois le future chrétien dans l’eau baptismale, qui symbolise le liquide amniotique de la Mère-Eglise d’où il sortira re-né dans l’Esprit. 



Pour manifester l’accueil de toute l’Eglise, le chœur chante : « Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ, Alléluia ! ».

Le jour même, il reçoit la confirmation. Ce sacrement qui exprime que le nouveau baptisé est sous la mouvance de l’Esprit est conféré par une onction d’huile. Après quoi, le nouveau baptisé, quel que soit son âge, reçoit le pain et le vin, Corps et Sang du Christ, car Baptême et Confirmation débouchent tout naturellement sur la Communion.



En une seule célébration, le nouvel arrivant reçoit donc trois sacrements appelés « mystères », parce qu’ils nous redisent la co-existence entre le visible et l’invisible. Le baptisé est invité à être, en permanence, un homme de prière, car « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu ».


LA PRIÈRE DU CŒUR

Au IVe siècle, c'est-à-dire avant la division des Eglises, les ermites d’Egypte puis, au Xe siècle, ceux des monastères grecs du Mont-Athos, vont se servir du nom de Jésus pour prier ainsi. 

Au IIe siècle déjà, le Pasteur d’Hermas n’affirme-t-il pas : « Le nom du Fils de Dieu est grand et immense, c’est lui qui soutient le monde entier ? » Les moines vont donc répéter sans cesse le nom de Jésus « Kyrie éleison », « Seigneur, aie pitié », ou encore, « Seigneur Jésus-christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi pêcheur ». Cette prière est liée tout naturellement à la respiration. En maintenant l’inspiration, on dit : « Seigneur Jésus-Christ », et pendant l’expiration : « Aie pitié de moi, pêcheur ».


Cette prière toute simple plonge chacun dans le mystère de la Trinité et renouvelle le Baptême.


DIALOGUE DE LA CHARITÉ

Le vrai dialogue entre chrétiens est triangulaire : Catholiques, Protestants, Orthodoxes. Dès 1920, dans une lettre adressée aux Eglises du Christ du monde entier, le Patriarche de Constantinople Mélèce IV demandent aux chrétiens d’apprendre à se connaître. 


Mais c’est avec le Patriarche Athénagoras et le Pape Paul VI qu’une voie plus concrète s’est ouverte, continuée par leurs successeurs, le Patriarche Démétrios Ier et le Pape Jean-Paul II. Il y a eu plusieurs démarches lors de ces rencontres, notamment la levée des anathèmes, c’est-à-dire des condamnations de 1054.


A Rome, en 1981, le représentation du Patriarche Œcuménique déclara : « Le Saint-Esprit nous impose aujourd’hui une grande tâche : rétablir l’unité de la Chrétienté divisée ». 

L’Eglise Universelle a besoin de l’Occident, symbole d’intelligence et de volonté, et de l’Orient qui représente la sagesse. Elle a besoin de l’esprit critique de la réforme et de sa connaissance de la Bible. Elle a besoin de l’universalité de Rome, du sérieux qu’elle met à former ses clercs, de son esprit pratique, missionnaire. Elle a besoin aussi de la présence priante des orthodoxes. Les uns sont tendus vers Dieu dans un effort pathétique, volontaire ; les autres se laissent pénétrer par la lumière.



L’Eglise Orthodoxe, l’Eglise Catholique sont deux sœurs jumelles, nées de la même matrice : Jésus-Christ, Fils de Dieu, révélé par le Saint-Esprit. Avec le temps, toutes deux, ont évolué malgré l’éloignement des mentalités. Chacune découvre aujourd’hui les richesses de l’autre. Malgré des cheminements différents, toutes deux savent qu’elles ont le même but. Aucune ne cherche à absorber l’autre. Finis leurs mauvais souvenirs, finies leurs rancunes. Les deux jumelles, respectant leurs différences, s’apprêtent à clamer, chacune à sa façon, cette folle actualité : « Christ est ressuscité ». 

 Pour citer la conférence: 
Rev. P. PAPANICOLAOU, Théodore,  "Les repères historiques de l'orthodoxie", conférence tenue à l'Université du Troisième Âge, Bordeaux, 30 novembre 2010. 
Mis en ligne: le 02/04/2011