La Mère de Dieu, ou la Theotokos, vénérée autant par les Eglises catholique et orthodoxe, occupe la seconde place dans notre dévotion, juste après la Sainte Trinité. L’art de nos Eglises a crée autant de thèmes iconographiques, de représentations pour nulle autre personne que la Sainte Vierge. Si en Occident la plupart des grandes Cathédrales portent son nom (Notre Dame), en Orient aucun autre saint n’a d’icônes avec tant de dénominations diverses.
Cependant nos divergences sur la personne de la Sainte Vierge, – en particulier les dogmes de l’Eglise Catholique sur la conception immaculée et l’Assomption –, sont bien connues. Pour l’Assomption, l’Eglise Orthodoxe n’a pas de décret promulgué par le Concile œcuménique, ni pris de décisions dogmatiques. Mais l’art de l’Eglise Orthodoxe accepte l’Assomption corporelle aux cieux de la Toute Sainte. Autrement dit, la pratique hymnographique, panégyriste de notre Eglise n’en disconvienne pas. Il nous manque seulement une affirmation officielle de l’Eglise d’Orient.
Les Orthodoxes ont emprunté notamment à l’Occident Catholique ce lis des peintures de l’Annonciation, élément qui n’est pas en relation avec leur histoire iconographique et interprété à présent comme le symbole de chasteté de la Mère de Dieu
Jadis, la Theodokos était peinte couchée devant la grotte et seule. Maintenant, elle est figurée agenouillée, avec les mains croisées devant la poitrine, tandis qu’en face d’elle apparaît Joseph. Voilà des postures et des détails qui sont totalement étrangers à l’art byzantin. Pour autant, cette transfiguration empruntée à l’Occident n’a pas scandalisé les orthodoxes.
En outre, la présence de la Vierge à la résurrection ne fait pas partie de la doctrine officielle de l’Eglise Orthodoxe. Malgré cela, dès le VIe siècle, on peut lire dans les hymnes de Roman le Mélode: « Prends courage, Mère, car tu seras la première à me voir ressusciter de la tombe ».
Les icônes orthodoxes ne sont pas envisagées en Occident d’un point de vue hérétique ; au contraire, elles font l’objet d’honneurs et de vénérations de la part du clergé et du peuple. L’art chrétien nous rappelle la grande dette que nous impose la signification de l’unité dans la charité au nom de Jésus Christ et de sa Mère, la Theotokos.
Père Théodore